sPÉCiAl musÉe
Après la Seconde Guerre mondiale, il fallut près
d’une décennie pour reconstituer le musée. Son directeur,
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favorable à l’idéologie nationale socialiste,
fut renvoyé et l’on défi nit une nouvelle orientation.
Sous la direction d’Etta Becker-Donner (1911-
1975), le musée connut dès 1955, et ce pendant
vingt ans, une nouvelle jeunesse, avec la rénovation
des installations, la promotion de la recherche et
l’élargissement des programmes publics.
Dans les années 1980, le musée perdit de son
dynamisme par manque de moyens fi nanciers, par
une baisse de sa fréquentation et par une remise en
question de son rôle dans la société.
LA RÉNOVATION
À l’aube du IIIe millénaire, le Völkerkundemuseum,
à l’instar d’autres musées d’ethnographie
européens, ceux de Francfort, de Berlin ou de
Tervuren, a dû se rendre plus attractif, aborder le
passé colonial de l’Europe et défi nir de nouvelles
orientations dans une société postcoloniale dans
laquelle émergent toujours plus de demandes de
restitution d’objets.
Face au succès grandissant des musées ethnographiques
conçus comme des centres d’art, plus
attrayants, dirigés vers le grand public et fuyant
le discours désormais connoté négativement du
colonialisme, il semble bien que bon nombre d’établissements
aient été tentés par la « redéfi nition de
ce qui était ‘ethnographique’ comme ‘artistique’ »
(de l’Estoile 2010 : 285) et se conçoivent véritablement
comme des centres d’art, à l’instar du
musée du quai Branly - Jacques Chirac à Paris et
du Weltkulturen Museum à Francfort. Dans cette
optique, ce n’est probablement pas un hasard si
le Völkerkundemuseum a été placé en 2001 sous
la responsabilité du Kunsthistorisches Museum
(musée d’Histoire de l’art de Vienne). Des initiatives
visant à moderniser le musée furent lancées
au cours de cette décennie sous la direction de
Christian Feest.
Pourtant, quand le directeur du musée, le Néerlandais
Steven Engelsman2, entama le redressement
de l’institution en 2012, après une période de
fermeture partielle pour rénovation, la voie retenue
fut celle privilégiée par d’autres musées européens,
à savoir devenir un « musée des cultures
du monde », dans une volonté de promotion du
« multiculturalisme » (ibid.). La mesure la plus
visible fut de renommer le musée en Weltmuseum
Wien (Musée du monde) se distanciant ainsi d’une
défi nition disciplinaire, comme d’autres musées le
fi rent avant et après lui, tel le Weltkulturen Museum
de Francfort, dès 2010, ou le Museum Fünf
Kontinente de Munich, renommé ainsi en 2014.
Le projet de redéfi nition fut mené à bien malgré
un manque de soutien politique, dont la preuve la
plus évidente est la restriction budgétaire imposée
par le ministère de la Culture en 20143. L’une des
conséquences les plus fl agrantes en est l’ouverture,
aujourd’hui, d’une version réduite du projet initial
pour le Weltmuseum Wien. Dans le corps de logis
revisité et modernisé par les cabinets d’architectes
Hoskins Architects (Glasgow) et Ralph Appelbaum
Associates (New York), deux mille cinq
cents mètres carrés ont été réservés pour l’exposition
permanente et mille quatre cents mètres carrés
pour les expositions temporaires. Les espaces sont
répartis sur deux étages autour de la fameuse Säulenhalle,
datant du début du XXe siècle. Trois mille
cent vingt-sept objets, à savoir un et demi pour cent
de toute la collection du musée, sont désormais
présentés dans les quatorze salles en enfi lade de
l’exposition permanente qui ont été conçues avec
la participation déterminante des conservateurs4.
Toutes les salles sont thématiques (voir encadré
fi nal) mais certaines, à savoir
les salles régionales, sont
axées sur une pièce ou une
collection phare accompagnée
d’un système d’interprétation
et d’informations principalement
transmis par des médias
interactifs et des graphiques.
C’est le cas, par exemple, de la
salle « 1873 – le Japon arrive
en Europe » (fi g. 16), organisée
autour de la maquette
FiG. 16 (Ci-Dessus) :
Vue de la salle « 1873 – le
Japon arrive en europe ».
FiG. 17 (Ci-DessOus) : Vue
de la salle « l’orient à nos
portes ».