nouvelles possessions de l’Empire autrichien et la
dimension universelle de la monarchie Habsbourg.
En 1806, l’empereur François Ier d’Autriche
(1768-1835) fi t transférer les collections du château
d’Ambras à Vienne afi n de les protéger des ravages
causés par les guerres napoléoniennes. Cette
même année, à l’occasion de la dispersion des collections
de l’ancien Leverian Museum à Londres, il
fi nança l’acquisition de plus de deux cents objets
d’Océanie et d’Amérique du Nord provenant des
expéditions du navigateur britannique James Cook
(1728-1779), posant ainsi les fondements d’une
collection ethnographique à Vienne. Parmi eux se
trouvaient des objets emplumés d’Hawaï, dont une
effi gie du dieu de la guerre Kû ou Ku-ka-ili-moku
(fi g. 4), et un modèle d’une maison cérémonielle
hawaïenne (fi g. 5), ainsi qu’un masque portrait
(fi g. 6) et une fi xation frontale en forme d’aigle (fi g.
7) de Colombie-Britannique.
Par la suite, des expéditions vinrent enrichir les
fonds de la collection ethnographique viennoise.
La conquête, par l’Autriche, des réseaux internationaux
relevait d’une politique impériale (Mexique
et Brésil) et commerciale, ainsi que le montrèrent
les grandes expéditions navales de la fi n du XVIIIe
et du XIXe siècle. Tous ces voyages engagèrent la
négociation de traités d’échanges commerciaux et
illustrent remarquablement les intérêts géopolitiques
d’une grande puissance européenne, qui ne
possédait pas de colonies outre-mer mais voulait
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TEMPS FORTS D’UNE LONGUE
HISTOIRE MUSÉALE
L’origine des collections ethnographiques du Weltmuseum
Wien remonte au XVIe siècle. La première
trace écrite d’objets extra-européens fi gure dans
l’inventaire de 1596 de la Kunstkammer (Cabinet
d’art) du château d’Ambras de l’archiduc Ferdinand
II de Tyrol (1529-1595). On y trouve répertoriés
des travaux de plumasserie préhispaniques (fi g.
1 et 2) et de la période coloniale, dont la célèbre parure
de tête en plumes connue aujourd’hui sous le
nom de Penacho (fi g. 3), désormais considérée par
les chercheurs comme la coiffe d’un grand prêtre
aztèque, la seule de ce type à être conservée, ainsi
que des sculptures en ivoire luso-africaines réalisées
au XVIe siècle en Sierra Leone et sur la côte béninoise
pour des acheteurs européens. Suivant la démarche
taxinomique de l’époque, les collections des
Kunstkammern devaient manifester la richesse des
FiG. 5 (À GAuCHe) : modèle
de temple hale waiea.
Hawaï, 1778/79.
Plumes de l’oiseau turquoise des îles
Hawaï, écailles de tortue, racines
aériennes de la plante ie’ie (Freycinetia
arborae), et fi bres végétales.
H. : 59 cm.
Collecté par James Cook.
Weltmuseum Wien, inv. 203.
FiG. 3 (en HAut À
GAuCHe) : Coiffe. Aztèque.
mexique central. Début du
XVie siècle.
Plumes, bois, fi bres, papier, coton,
cuire, bronze et plaqué or. H. : 116 cm.
ex-coll. du Château d’Ambras.
Weltmuseum Wien, inv. 10.402.
FiG. 4 (Ci-Dessus) : effi gie
ki’i hulu manu. Hawaï. 1779.
Racines aériennes, plumes, nacre, bois,
dents de chien et fi bres végétales.
H. : 56 cm.
Collecté par James Cook.
Weltmuseum Wien, inv. 202.