MUsÉE À LA UNE
ont éclairés quant au contexte de ces sacrifi ces, où
des garçons âgés de quinze à trente-cinq ans, de
petite taille et issus de la même communauté ethnique
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mochica, étaient égorgés ou écorchés7. Ce
rituel permettait non seulement de garantir la fertilité
sociale et agricole, mais également de légitimer
le rôle social et politique des membres de la société
impliqués dans ces sacrifi ces. Nous parlons ici de
sociétés théocratiques, qui ont émergé à l’époque
cupisnique et ont atteint leur apogée durant la première
période du développement de la civilisation
mochica.
Les palais, comme ceux exhumés sur le site de
Chotuna-Chornancap, indiquent un autre type de
société, où le pouvoir émane non pas de la religion,
mais bien de l’organisation politique et administrative.
C’est le rôle joué par l’armée et les dirigeants
qui légitime le pouvoir du seigneur. Les palais possèdent
des salles capitulaires où sont organisées des
réunions relatives aux décisions politiques et administratives.
Ils abritent également de grands entrepôts
et accueillent des artisans qui se consacrent
à la production de biens luxueux destinés aux
élites. Les murs sont ornés de peintures et de reliefs
polychromes qui représentent des personnages
mythiques, des oiseaux et des symboles. L’exposition
présentera un modèle réduit du temple ancien
de Huaca de la Luna, agrémenté d’une vidéo
dédiée à ses décorations murales et de maquettes
en céramique. Pièce maîtresse de l’exposition, une
maquette en bois de l’époque chimú représente une
cour majeure d’un palais de Chan Chan (la capitale
du royaume Chimú, dans la vallée de Moche).
Cette cour intérieure est ornée de diverses images
mettant en scène des personnages qui célèbrent une
cérémonie de culte de l’ancêtre : à une période donnée
de l’année, la dépouille du roi, dans un ballot
funéraire, est exhibée dans la cour de son palais
afi n de renouveler l’alliance avec ses descendants.
Enfi n, la dernière partie de l’exposition, intitulée
« Mille ans de femmes au pouvoir », rassemble cinq
sépultures de femmes ayant occupé de hautes fonctions
au sein des sociétés mochica et lambayeque. À
l’heure où l’égalité entre les femmes et les hommes
se trouve au coeur du débat, il s’avère particulièrement
opportun de montrer qu’au sein des sociétés
antérieures aux Incas, les femmes de la côte nord
du Pérou ont pu accéder au pouvoir, très tôt (la prêtresse
de Cao), et jusqu’à la période lambayeque (la
prêtresse de Chornancap). Nous ignorons à ce jour
dans quelles circonstances exactes elles acquéraient
ce droit, même s’il est probable que le pouvoir se
transmettait de génération en génération. L’exposition
présentera des objets qui accompagnaient
FIG. 8 (CI-dEssUs) :
Pectoral. Pérou, Lambayeque
tardif, 1100-1400 apr. J.-C.
Coquillage Spondylus. L. : 22 cm.
Museo arqueológico nacional Brüning,
inv. 00030.
© Lambeyeque, Proyecto Chotuna –
Museo arqueológico nacional Brüning,
Ministère de la Culture du Pérou.