MUsÉE À LA UNE
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dans la mesure où ils détenaient tout le savoir de
l’époque. Ils savaient notamment comment utiliser
les calendriers et formulaient les règles de conduite
sociale qui permettaient à la religion, à travers le
sacerdoce, de punir ou d’approuver le comportement
des individus, formant ainsi la première institution
publique de l’époque.
L’exposition aborde le pouvoir terrestre par le
biais des sépultures des principaux dirigeants mochica
et lambayeque exhumées ces trente dernières
années. La tombe la plus emblématique est sans
doute celle du seigneur de Sipán, découverte par
Walter Alva1 sur le complexe funéraire de Huaca
Rajada. Alva découvrira également en ce lieu
d’autres tombeaux, qu’il attribuera au prêtre
hibou (personnage B) et au prêtre guerrier
(personnage D). L’archéologue a comparé
les emblèmes qui y étaient associés à
ceux que portait le personnage A sur
une représentation iconographique
connue sous le nom de « thème de
la présentation »2. Cette découverte,
la première de l’archéologie péruvienne,
a permis de confi rmer que les représentations
iconographiques mochica
n’illustraient pas de simples mythes
ni des scènes quotidiennes, comme
fi lets à bord de petites embarcations. Le poisson
était salé et constituait, au même titre que le piment,
une source de commerce avec les habitants
des hauts plateaux des Andes.
La partie consacrée au pouvoir céleste traite de
l’emprise des dieux sur les premières sociétés complexes,
ainsi que de la manière dont les élites se
servaient de la religion pour justifi er leur pouvoir
face à la société. Les visiteurs pourront y observer
de superbes sculptures en céramique, pierre
et métal représentant les visages des principales
divinités. L’une d’elles, qui apparaît dès l’époque
de la civilisation cupisnique, représente le dieu des
sceptres (des crosses épiscopales) qui fi gure sur la
stèle Raimondi découverte sur le site de Chavín
de Huantar ; il est similaire au dieu des montagnes
chez les Mochica, au dieu des sceptres
dans les cultures Tiahuanaco et Huari,
ainsi qu’au dieu Viracocha des Incas. Ce
dieu est associé à l’eau, au tonnerre,
aux montagnes et, par extension, à la
fertilité agricole. Les visiteurs de l’exposition
auront l’occasion d’admirer des
sculptures en céramique de cette divinité
réalisées par les Cupisnique et les Mochica.
Le culte des dieux était assuré par
les prêtres, qui furent les premiers spécialistes
des sociétés complexes précoces,
FIG. 7 (PAGE dE dRoITE,
EN BAs) : ornement de nez.
Pérou, Mochica moyen, 250-
500 apr. J.-C.
or et argent. H. : 9 cm.
Museo Tumbas Reales de sipán,
s/T3-0:2.
© Lambayeque, Museo Tumbas Reales
de sipán – archivo, Ministère de la
Culture du Pérou.
FIG. 5 (À dRoITE) : Vase
fi gurant un démon-crabe
pêcheur pêchant une raie.
Pérou, Province de santa,
100 av. J.-C. - 700 apr. J.-C.
Céramique moulée et peinte.
H. : 21,7 cm.
Musée du quai Branly - Jacques
Chirac, 71.1878.2.99 a.
© musée du quai Branly - Jacques
Chirac, photo : Claude Germain.
FIG. 6 (PAGE dE dRoITE,
EN HAUT) : Personnage
avec massue. Pérou,
Mochica moyen, 250-500
apr. J.-C.
Cuivre doré. H. : 27,7 cm.
Museo Tumbas Reales de sipán,
s/T3-cu:35.
© musée du quai Branly - Jacques
Chirac, photo : Eduardo Hirose.
© Lambayeque, Museo Tumbas
Reales de sipán – archivo, Ministère
de la Culture du Pérou.