MUSÉE à la Une
OCEANIA
Voyages dans l’immensité
Les institutions scientifi ques fédérales
belges possèdent une importante collection d’art
océanien, dispersée entre le musée royal de l’Afrique
centrale (Tervuren) et les Musées royaux d’Art et
d’Histoire (Cinquantenaire). Pour la première fois,
et jusqu’au 29 avril 2018, il est proposé au public
de venir admirer une sélection des chefs-d’oeuvre
issus de ces collections, dans une mise en scène axée
sur les voyages. En effet, l’Océanie, bien qu’elle soit
aussi appelée le Cinquième Continent, est d’abord
un domaine maritime où le voyage est essentiel. Une
grande partie de l’imaginaire océanien est d’ailleurs
imprégné de cette notion et, aux époques traditionnelles,
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des traversées étaient organisées entre les îles,
dont les buts échappaient aux contingences matérielles,
mais permettaient d’assurer un ordre social
dans lequel prestige et ostentation n’étaient pas de
vains mots. Mais les voyages en Océanie, ce sont
aussi les explorations européennes, essentiellement
au cours du XVIIIe siècle, ou ceux toujours nécessaires
aujourd’hui pour découvrir ce continent fait
de terres minuscules perdues dans l’immensité de
l’océan Pacifi que.
Il est habituel, depuis les travaux de Dumont
d’Urville publiés en 1857, de diviser l’Océanie en
trois provinces : Mélanésie, Micronésie et Polynésie.
Pourtant, seul le dernier ensemble correspond
à quelque réalité. En effet, dans le triangle compris
entre Hawaï, l’île de Pâques et la Nouvelle-Zélande,
l’on constate une relative homogénéité culturelle
et linguistique. Ailleurs, les strates des différentes
vagues migratoires se sont accumulées, avec pour
résultat des contextes culturels plus morcelés. Désormais,
on évoquera plutôt deux ensembles dans le
Pacifi que sud. « L’Océanie Proche » (Near Oceania)
– expression moins péjorative que l’ancien terme
« les îles Noires », donné par la pigmentation foncée
des Insulaires – correspond à une large part de l’ancienne
Mélanésie. Ce domaine fut déjà atteint entre
Par Nicolas Cauwe