ACTUALITÉS musées
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A Bit na Ta
VICTORIA—Jusqu’au 4 février 2018, le musée de Melbourne
présente a Bit na Ta (la source de la mer) une
exposition multimédia reposant sur un ensemble de photographies,
de séquences vidéo et d’objets de collection
dédiée au peuple Tolai de Blanche Bay, en Papouasie-
Nouvelle-Guinée. Le parcours met l’accent sur la capacité
de résistance de ce peuple qui, pendant près d’un siècle
(1875-1975), a dû faire face aux puissances coloniales,
à la guerre, aux éruptions volcaniques et aux luttes pour
l’indépendance. Elle explore leurs pratiques spirituelles ;
notamment le rôle de la société secrète Tubuan, qui
continue à régir la vie quotidienne des Tolai, en particulier
leur relation à la terre, aux ressources et aux membres
de la communauté.
L’événement est le fruit d’une longue collaboration
entre le chanteur tolai George Mamua Telek et le musicien
et compositeur David Bridie. Ensemble, ils ont conçu
une installation audiovisuelle hautement symbolique qui
allie images, musiques, sons et récits. L’exposition fait
également la part belle au travail de l’artiste contemporaine
tolai Lisa Hilli.
Ancêtres et rituels
BRUXELLES—Europalia Indonesia s’est ouvert avec une
exposition d'envergure qui sera à l’affi che jusqu’au 14
janvier 2018 au BOZAR, dans les bâtiments de style art
déco de l’architecte Victor Horta. Le festival européen
met cette année l’Indonésie à l’honneur, son but étant
d’explorer de nouvelles perspectives sur « l’autre » et sur
soi à travers les arts. Dans cette exposition consacrée aux
formes particulières de culte des ancêtres en Indonésie,
le défi est réussi !
L’Indonésie, cinquième plus grand pays du monde, est
riche d’une myriade de cultures : il compte deux cent
cinquante-cinq millions d’habitants, trois cents groupes
ethniques et plus de sept cents langues. Un point commun
relie cependant ces cultures : le rôle important joué
par les ancêtres.
En partant de la venue des Austronésiens, voici environ
quatre mille ans, tout en passant par la culture Dong
Song – qui introduisit la technique du bronze il y a environ
deux mille cinq cents ans – Ancestors & Rituals explore
tout d’abord les origines de ce culte. L’exposition se
penche ensuite sur les trois fonctions des ancêtres ayant
trait au passé, au présent et au futur. La première est de
servir de lien direct entre les Indonésiens et leur passé.
Elle permet aux vivants de revendiquer une place au sein
d’une lignée, une position sociale. Cette fonction est
évoquée dans la salle « Statut ». La seconde est d’être les
CI-DESSOUS : Statues
d’ancêtres ana deo. Ngada,
Flores, Nusa Tenggara
oriental. Avant 1938.
Bois et perles.
H. : 73 et 70 cm.
National Museum of Indonesia,
inv. 23030a et b.
Photo : Arkadius 2016.
À GAUCHE : Sculpture atoni
lilit tomi. Timor, Nusa Tenggara
oriental. Avant 1931.
Pierre. H. : 42 cm.
National Museum of Indonesia, inv. 19321.
Photo : Arkadius 2016.
CI-DESSOUS : Effi gie si gale-gale.
Toba-Batak, Nord de Sumatra.
Début du XIXe siècle.
Bois et bambou. H. : 184 cm.
National Museum of Indonesia,
inv. 2325a-d.
Photo : Arkadius 2016.
CI-DESSUS : Portrait d’un
homme tolai.
David Bridie, Rabaul, Papouasie-
Nouvelle-Guinée, 2016.
garants de l’équilibre de la société
et d’assurer un présent harmonieux.
De multiples amulettes, tatouages
ou sculptures en bois posées à
l’entrée des habitations illustrent ce
rôle. Le visiteur passe ainsi dans la
salle « Protection ». Enfi n, le troisième
rôle des ancêtres est d’assurer
la pérennité de la société ; le visiteur
entre dans la salle « Fertilité ».
Le parcours se penche ensuite
sur les échanges religieux, culturels
et commerciaux qui ont infl uencé au fi l du temps les
arts, les identités et la vision des peuples indonésiens. Il
s’attarde aussi sur la façon de communiquer avec les ancêtres.
Lors de divers rituels, des chamanes, des esprits,
des marionnettes ou des fi gures masquées servent alors
d’intermédiaires. Ainsi, chez les Batak, au nord de Sumatra,
des prêtres ont recours à des cannes magiques lors de
cérémonies qui peuvent infl uencer le temps, la politique,
la guerre ou la maladie.
La dernière salle est consacrée aux relations que nous
entretenons de nos jours avec nos ancêtres. Quelle place
ont-ils dans notre société ? Comment les célébronsnous
? En tout, l’exposition présente cent soixante trésors
archéologiques et ethnographiques regorgeant
de symboles et de poésie. La plupart d’entre eux franchissent
pour la première fois les frontières de l’Indonésie
et ont été prêtés par le musée national de Jakarta. Ancestors
& Rituals est une halte incontournable si vous passez
par Bruxelles.