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FIG. 13 (CI-DESSUS) :
Vue de l’exposition The
Maori Portraits: Gottfried
Lindauer’s New Zealand au
de Young Museum jusqu’au
1er avril 2018.
Avec l’aimable autorisation du Fine
Arts Museums of San Francisco.
Certaines informations de
cet article ont été adaptées
de Gottfried Lindauer’s New
Zealand: The Maori Portraits,
par Ngahiraka Mason et Zara
Stanhope (Auckland : Auckland
University Press en association
avec la Auckland Art Gallery
Toi o Tamaki, 2016) et du site
Whakamiharo Lindauer : http://
www.lindaueronline.co.nz/
avec de précieux kahu kiwi (capes en plumes de
kiwi), manifestation de richesse, de puissance et de
mana qui ne sont portés que par les personnes de
rang et lignage élevés (fi g. 5 et 9). Des kahu kuri
(capes en peau de chien) de grande valeur étaient
portés principalement par des hommes et réalisés
à partir de la peau et des poils d’une race prisée de
chien du Pacifi que, le kuri, qui a disparu à la fi n
des années 1800. Ils étaient le symbole ultime d’un
guerrier combattant (fi g. 6). Les plumes de huia à
pointe blanche sont souvent plantées dans les cheveux
et les hei tiki sont portés autour du cou par
de nombreux modèles. Le pounamu (pierre de jade)
très prisé se trouve uniquement dans l’île du sud de
la Nouvelle-Zélande et est également utilisé pour
les armes de main qui indiquent le statut et la puissance
de certains sujets des portraits.
Lindauer fait preuve, dans ses portraits de Maoris
et de Pakehas, d’un style très particulier. Les
modèles dignes – généralement
assis et regardant le
spectateur – sont peints avec
un réalisme saisissant. Lindauer
a recours aux glaçures
de surface, appliquant de fi nes
couches de peinture transparentes
afi n de donner à la peau
la luminosité de la vie. Les
arrière-plans sont sombres et
souvent vagues tandis que le
modèle est entouré d’un halo
plus clair mettant l’accent sur
la tête. L’héritage créatif de Gottfried Lindauer nous
révèle les vies d’individus illustres et les relations
entre Maoris et non-Maoris au cours d’une période
fascinante d’échanges coloniaux. The Maori Portraits:
Gottfried Lindauer’s New Zealand célèbre
le travail du peintre, honore les personnages qu’il
représente et réaffi rme les relations vivantes que ces
portraits continuent d’entretenir aujourd’hui pour
les communautés des descendants.
NOTES
1. Ross Galbreath. « Buller, Walter Lawry », Dictionary of New
Zealand Biography, première publication en 1990. Te Ara -
the Encyclopedia of New Zealand,https://teara.govt.nz/en/
biographies/1b46/buller-walter-lawry (consulté le 4 novembre
2017).
2. Jock Phillips, « History of immigration - British immigration
and the New Zealand Company », Te Ara - the Encyclopedia
of New Zealand, http://www.TeAra.govt.nz/en/history-ofimmigration/
page-3 (consulté le 7 novembre 2017).
croissant pour les photographies ethnographiques.
« La carte de visite tenant dans la main » était un
format peu onéreux et populaire, facile à reproduire
et à transporter. La peinture la plus connue
et la plus admirée de Lindauer est un portrait de
Heeni Hirini, une femme Ngati Maru initialement
connue sous le nom d’Ana Rupene, portant un enfant
dans le dos (fi g. 3). Lindauer peignit ce sujet
plus de trente fois sur une période de vingt-quatre
ans. Ses portraits de Heeni Hirini étaient réalisés à
partir d’une photographie de studio des Foy Brothers.
Ils en tirèrent des photographies au format
carte de visite destinées à la vente et la distribution
(fi g. 4). Dans la peinture, il représenta fi dèlement
de nombreux détails, y compris la petite mèche de
cheveux au sommet de sa tête, comme on le voit sur
la photo. Elle porte un mako (ornement d’oreille en
dent de requin) recouvert de cire rouge de cachetage,
des plumes de huia dans les cheveux, et un hei
tiki (pendentif). Cette peinture
reçut une médaille d’or d’un
jury international à la Louisiana
Purchase Exposition, la
foire mondiale de 1904 qui
se déroula à Saint Louis, Missouri.
D’autres versions furent
exposées à Prague, New York
et Londres.
Lindauer prenait grand soin
de transmettre l’estime dont
jouissaient ses modèles à travers
les objets qu’ils tenaient
ainsi que leurs vêtements et ornements personnels,
bien qu’il ait parfois modifi é leur position ou leur
représentation, sans qu’on n’en connaisse les raisons.
Dans plusieurs de ses portraits, la présence du
ta moko, ou tatouage corporel, est la manifestation
la plus visible et la plus importante du statut d’une
personne. Un tatouage dans une zone donnée du visage
– par exemple, du menton à la partie inférieure
des joues, ou du front au nez – traduisait quelque
chose de spécifi que à propos de cette personne.
Les peintures de Lindauer représentent des
hommes et des femmes portant des habits et des
ornements maoris traditionnels à une époque où
les vêtements et les accessoires de style européen
étaient déjà portés par les Maoris. Certains modèles
ont des kakahu (capes) en muka (doublure en fi bre
de lin) de couleur dorée qui entourent leurs épaules
(fi g. 8 et 10), tandis que d’autres sont représentés
GOTTFRIED LINDAUER
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