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peintures de l’école de l’Hudson River. Comment
voyez-vous l’avenir de votre collection ?
S. M. : J’approche des soixante-dix ans ; je suis
en train de ralentir la cadence. J’aimerais garder
la collection intacte, et j’espère qu’elle pourra
fi nalement trouver refuge dans un musée.
Si je n’acquiers plus ce type d’objets aujourd’hui,
cela ne signifi e nullement que cet art ne me
passionne plus. J’observe encore des centaines
d’images tous les jours, que ce soit dans mes
domaines de prédilection actuels ou dans ceux
que je privilégiais par le passé. J’aime me tenir
au courant de l’évolution du marché, dégager les
tendances, faire des recherches. Un collectionneur est
constamment à l’affût, et je n’échappe pas à la règle.
T. A. M. : Vous avez formé une collection
remarquable en relativement peu de temps. Quels
conseils donneriez-vous aux jeunes collectionneurs
qui se lancent aujourd’hui ?
S. M. : Je suis un collectionneur. On peut y voir
une passion ou, comme le dirait ma femme,
une obsession. J’adore faire ça. J’adore partir
à la chasse. J’ai eu la chance d’acquérir des
objets qui sont considérés comme les meilleurs
du genre. J’ai également fait certains choix
que je ferais différemment aujourd’hui, si j’en
avais la possibilité. Il y a toujours une courbe
d’apprentissage, comme dans toute discipline. Je
crois en la loi des moyennes. Je suis convaincu
que si j’investis du temps et si je fais mon travail
correctement, je fi nirai par atteindre mes objectifs.
Je considère ma collection d’art tribal comme le
couronnement de ma « carrière » de collectionneur.
C’est l’une des collections dont je suis le plus fi er, et
l’une des plus remarquables du genre.
À mes yeux, si vous achetez des objets à des
fi ns uniquement décoratives, il ne s’agit pas d’une
collection proprement dite. Pour moi, collectionner
s’apparente à un art, une compétence, une
technique, que l’on doit développer et améliorer,
comme on le ferait pour un sport ou toute autre
forme d’art. Plus on y consacre de temps, plus
on s’exerce, plus on est confronté à différentes
situations, et plus on aura de chances de progresser.
En matière d’apprentissage, on peut évidemment
aller plus vite en se servant du temps et de
l’expérience des autres. Sachez de quoi vous parlez
et avec qui vous traitez. Découvrez qui sont les
principaux acteurs dans le domaine.
FIG. 17 : Fourneau de pipe.
Grands Lacs. Vers 1760.
Loupe d’érable et plomb.
L. : 11,4 cm.
Photo : Steve Tucker/Chuck Dorris.
FIG. 18 (CI-DESSOUS) : Bol
à effi gie humaine. Sud de la
Nouvelle-Angleterre. Vers
1660 ou avant.
Loupe de frêne. D. : 36,8 cm.
Photo : Steve Tucker/Chuck Dorris.
présenter de la meilleure manière possible. Je l’ai fait
par passion et cela a vraiment valu la peine.
Trois années durant, mon assistante, Susan Fierro,
et moi-même avons travaillé en collaboration avec
les photographes Chuck Dorris et Steve Tucker afi n
de documenter une grande partie de la collection.
Nous avons également collaboré avec des experts
renommés, notamment Steve Brown, Peter Furst,
Sean Mooney et Steve Powers, pour rédiger des
essais introductifs et des descriptions des objets. Au
fi nal, nous avons travaillé en moyenne un an sur
le volume consacré à chaque sous-collection : Côte
nord-ouest, Arctique et Woodlands. Trois ans, trois
volumes, qui forment ensemble Art of the Spirit
World. Comme pour mon ouvrage précédent, j’ai
fait appel à la société Graphicom de Vérone, en
Italie, qui est réputée à juste titre pour imprimer
les plus beaux livres du genre. Nous avons utilisé
la même technique que pour le livre sur les leurres
de pêche, à savoir l’application d’une couche de
« glacé » sur chaque image, de manière à rehausser
sa dimensionnalité. Ainsi, chaque image repose –
ou plutôt, fl otte – sur l’arrière-plan noir, ce qui fait
ressortir la qualité sculpturale de chaque objet.
T. A. M. : Si l’art amérindien vous intéresse
toujours, vous vous êtes désormais tourné vers les
PERSONNALITÉ