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qu’une panoplie d’objets pascuans sur fond de voile
(fi g. 1). Des trente-cinq oeuvres visibles sur ce cliché,
cinq seulement ont pu être identifi ées dans des collections
publiques ou privées. Aussi, la découverte
de l’origine du kavakava sujet de cet article (fi g. 2)
est-elle primordiale, car la date de collecte de la plupart
des objets pascuans reste inconnue. Ainsi, dans
une méticuleuse étude parue en 20032, Adrienne
Kaeppler ne put attribuer une date antérieure aux
années 1860 qu’à vingt-trois kavakava parmi plus
d’une centaine d’objets recensés antérieurs à 1870 ;
celui dont il est question dans cet article appartient
à ce groupe très restreint.
le KAVAKAVA pHoTogRApHiÉ eN 1873
DiSpARAÎT... eT RÉAppARAÎT
Le 23 août 1873, dans une cour de l’archevêché de
Papeete, Mme Susan Hoare, photographe à Tahiti, prit
un cliché extraordinaire : celui d’un groupe de Rapa
Nui arborant des bois sculptés dont un kavakava
(fi g. 3). Cette statuette, sujet d’un autre cliché Hoare
conservé dans les archives de la SS.CC, fait aussi partie
de la panoplie de sculptures placée par Mgr Jaussen
page 77 de son manuscrit Écriture de l’île de Pâques,
Empire maori, édité en 1893, deux ans après la mort
de l’évêque (fi g. 4). Mais ce kavakava est absent de la
planche d’objets de la collection SS.CC publiée dans
l’ouvrage du père Alazard en 1926 ; en effet, il était
alors en possession de la famille du vicomte Benoist
d’Azy. Ce dernier (1829-1890), offi cier de marine, fut
directeur des colonies au ministère de la Marine de
1872 à 1878. Est-ce alors ou plus tard que les Pères
ont offert le kavakava au puissant personnage ? Le
père André Mark, ancien archiviste de la SS.CC, que
je remercie ici, n’a trouvé aucun lien entre la congrégation
et le directeur des colonies.
Le kavakava de la famille d’Azy est réapparu
à Drouot-Paris dans la vente Claude Aguttes
du 17 avril 2009 expertisée par M. Estournel et
Mme Daffos (fi g. 5). Le commissaire-priseur l’avait
déniché dans un grenier chez les descendants de
Benoist d’Azy. Un des clichés publiés par l’expert
montre que ce kavakava est celui de la photographie
Hoare ; le verso de ce document porte la dimension
approximative de la statuette : 50 cm (elle
mesure 49,2 cm). Lors d’une conversation avec un
ami, celui-ci m’apprit qu’il avait lui aussi identifi é la
statuette, mais sans pouvoir localiser son adjudicataire.
Par un heureux hasard, elle fut remise en vente
et cet ami en fi t l’acquisition en décembre 2016.