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situation n’évoluait pas dans les prochains jours, il
tenterait de s’enfuir un soir. Von Puttkamer ne reçut
cette lettre que le 24 décembre 189962.
Peu de temps après, Conrau tenta effectivement de
s’échapper pendant une nuit, mais fut blessé au pied,
apparemment accidentellement par le jeune domestique
bali qui l’accompagnait et l’aurait exhorté à
quitter Azi. Durant leur fuite, ils tombèrent nez à nez
avec un groupe d’hommes bangwa – probablement
des membres de la Société de la Nuit – qui rentraient
d’un voyage. Conrau ouvrit le feu et prit la fuite.
Poursuivi et sans espoir de s’en sortir, il décida de
se suicider. Son compagnon bali fut également tué.
C’est en tout cas le récit qu’en fi t Assunganyi dans
une déclaration vers la fi n de l’année 1900, lorsqu’il
fut contraint de rendre des comptes concernant cette
guerre punitive. Il est néanmoins impossible de vérifi
er ces informations.
Assunganyi expliqua par ailleurs que Conrau et
lui étaient frères de sang et qu’il lui faisait dès lors
suffi samment confi ance pour autoriser l’Allemand
à recruter des travailleurs bangwa pour les plantations
côtières. Il déclara également qu’il s’attendait
à voir revenir ces hommes avec Conrau, mais que
celui-ci avait répondu que ce n’était pas possible, car
les Bangwa n’avaient pas encore terminé leur mission63.
Cependant, un an auparavant, un rapport
publié dans le Deutsches Kolonialblatt avait précisé
que le « meurtre » de Conrau en territoire bangwa
FIG. 25 (CI-CONTRE) : Figure masculine. Bangwa,
Cameroun. XIXe siècle.
Bois. H. : 90 cm.
Collectée par Gustav Conrau en 1898 ou 1899.
Museum für Völkerkunde, Berlin, inv. III C 10515.
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