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85 entre l’oeuvre et l’observateur et, lorsque vous regardez ces oeuvres, elles vous regardent également. Comme elles, vous devenez l’objet d’un regard. L’exposition démarre par un groupe de masques aux regards très différents (fi g. 2). Certains ont les yeux baissés en signe de dévotion (fi g. 3 et 4), d’autres ont les yeux saillants, symboles de puissance et de protection, ou d’autres encore ont des yeux nombreux, censés accroître le degré de vigilance et de conscience (fi g. 5). Cette section montre également deux exemples de conceptualisation particulière de la notion de vision : l’ojú-inú mentionné ci-dessus – illustré par un splendide masque gelede ajouré yoruba (fi g. 6) – et l’idée sufi du batin, qui renvoie à la « dimension cachée » de toute réalité visuelle. Ce concept est évoqué par un masque de calao mano (fi g. 7a-b) dont la paroi interne présente des écritures mystiques ésotériques qui augmentent les capacités du masque à protéger la communauté. Cet espace introductif est suivi de huit sections agencées selon différentes thématiques, qui examinent comment la vision contribue aux passages d’un cycle de vie à une autre et d’une forme d’existence à un autre. Elles sont déclinées dans l’espace ouvert du Resnick Pavilion conçu par Renzo Piano et, bien que segmentées par des cloisons et panneaux explicatifs, elles s’intègrent harmonieusement les unes aux autres. De fait, les barrières qui les séparent sont minimalistes, et le visiteur est à tout moment libre de laisser errer son regard, sans être contraint de suivre un parcours déterminé. La première de ces sections, Envisioning Origins, examine la manière dont les oeuvres illustrent des passés lointains comme des réalités visibles qui seront vénérées et représentées dans le présent. Les peuples Dogon du Mali, par exemple, sont connus pour l’importance qu’ils accordent à des connaissances d’ordre philosophique, souvent exprimées dans la statuaire. Une preuve en est la fi gure hermaphrodite pourvue d’une barbe et de seins, semblant regarder au-delà de ce monde, et incarnant des représentations de l’aube des temps (fi g. 8). Disposés en ligne, des cimiers chi wara y sont également présentés (fi g. 11). Ils étaient utilisés par paires masculines / féminines, par de jeunes hommes bamana considérés comme les meilleurs agriculteurs. Les danseurs qui portaient ces cimiers exécutaient les mouvements typiques de la plantation, du binage de la terre et de la culture afi n de théâtraliser les origines de l’humanité et d’insuffl er


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