MUSÉE À LA UNE 74 T. A. M. : D’un point de vue global, quelle est à présent la composition du fonds extra-européen ? M. P. : Depuis qu’une partie des collections d’Émile Guimet a rejoint celles du muséum en 1978, l’Asie est le continent le mieux représenté avec dix mille objets. Les collections Afrique (région septentrionale incluse) comportent six mille oeuvres, tandis que nous avons quatre mille huit cents objets pour l’Amérique et le cercle polaire et, enfi n, deux mille pour l’Océanie. Vous pourrez en avoir un aperçu dans le catalogue des collections que nous publions avec Actes Sud. T. A. M. : Quelle est la place de ces collections dans le discours du musée ? M. P. : Même si notre établissement a fait le choix d’une approche interdisciplinaire, l’art extra-européen est très bien représenté dans le parcours du musée. Les objets issus de multiples cultures viennent soutenir le discours et montrer comment, de tout temps, les hommes se sont posés des questions sur les origines du monde et de l’Homme, leur place dans le monde vivant et leur rapport à l’au-delà. Concrètement, les trois mille mètres carrés consacrés au parcours permanent du musée s’organisent en quatre FIG. 7 (À GAUCHE) : Double rouleau de plumes tevau. Îles Salomon et îles Santa Cruz. XXe siècle. Plumes de Myzomela cardinalis, fi bres végétales, coquillages et graines. L. : 82 cm. Musée des Confl uences, inv. 2002.2.1. © Pierre-Olivier Deschamps/ Agence VU’- musée des Confl uences, Lyon. Nécessitant plus de sept cents heures de travail, les rouleaux de plumes rouges constituent les biens les plus précieux échangés lors des mariages aux îles Santa Cruz. Leur réalisation nécessite l’intervention de trois spécialistes ; les chasseurs d’oiseaux, les fabricants de la bande de plumes et les assembleurs du rouleau. Les quelque cinquante mille plumes des oiseaux Myzomèle cardinal (passereaux) sont collées en plaquettes, elles-mêmes assemblées avec de la fi bre d’hibiscus pour former une bande de plusieurs mètres de long qui sera ensuite mise en forme. Sur l’envers de la bande fi gure la signature de l’artiste sous la forme d’un motif géométrique réalisé avec des fi bres noircies. Marie Perrier. par le musée de Cleveland. Ces deux objets ont été obtenus auprès du marchand et collectionneur lyonnais Patrick Girard. Dans le domaine de l’Océanie, nous avons enrichi notre collection de monnaies grâce aux conseils avisés de Roger Boulay. Des achats ont été effectués alors auprès d’Anthony J.P Meyer et des galeristes australiens Todd Barlin et Chris Boylan, mais aussi lors de ventes aux enchères. Seule une petite partie de cette collection est présentée dans le parcours permanent du musée, ce qui nous permettra d’effectuer des rotations, afi n de ne pas lasser le public et pour des raisons évidentes de conservation. Enfi n, dans ces quinze dernières années, nous avons aussi reçu des dons importants de particuliers. Ainsi, la collection d’objets africains du quotidien de Denise et Michel Meynet, mise à l’honneur en 2002 dans l’ouvrage L’Afrique sans masque de Laurick Zerbini est valorisée depuis 2014 dans les salles permanentes du musée des Confl uences, notamment à travers un ensemble de parures et de coiffes. Sous l’impulsion d’Hélène Lafont-Couturier, nous continuons de manière ponctuelle d’enrichir les collections et en particulier celles permettant d’assurer les rotations au sein du parcours permanent.
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