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« Les musées d’ethnographie sont toujours nécessaires aujourd’hui, quoi que l’on puisse penser de leur histoire. » Cette affi rmation de Nicholas Thomas, professeur en anthropologie historique et directeur du musée d’archéologie et d’anthopologie de l’université de Cambridge, servait de titre à une réfl exion approfondie sur le sujet parue dans le numéro Avril 2016 de la revue d’art britannique APOLLO, et postée le 29 mars 2016 sur la toile où l’article est toujours consultable. Dans ces pages, l’auteur vantait la capacité affi chée par les musées d’ethnographie à refaire peau neuve après avoir été perçus négativement, dès les années 1970, comme des vestiges d’un passé colonial réprouvable, développant un discours réducteur et sclérosé sur des objets de culture matérielle rarement présentés sous un angle artistique. L’une des clés de cette transformation les plus intéressantes citées par Thomas : la prise de conscience des professionnels que ces musées, plus que des réservoirs de pièces inertes, étaient un lieu où convergeaient des histoires de voyages, de rencontres, de collectes et d’échanges entre les peuples ; autant de récits pouvant – et le méritant ! – susciter des rapprochements entre les cultures. Près d’un an après la parution de cet article, un fait majeur dans le monde des musées en a réactivé le souvenir et réaffi rmé l’à propos. Il s’agit de l’octroi au Musée d’ethnographie de Genève, annoncé publiquement le samedi 6 mai dernier à Zagreb, en Croatie, du European Museum of the Year Award pour les qualités novatrices de ses présentations, ses valeurs d’excellence, d’ouverture et de respect des cultures à l’origine des collections qu’il présente. Nous nous étions déjà très sincèrement réjouis de la nomination du MEG, en décembre dernier, à cette prestigieuse reconnaissance internationale – la plus importante qui soit dans le domaine muséal – décernée annuellement par le Forum des musées européens depuis 1977. Mais cette confi rmation décuple notre enthousiasme, et nous tenons à adresser nos chaleureuses félicitations à toute l’équipe de cet établissement, que dirige Boris Wastiau depuis 2009. Un autre établissement accordant une place de choix aux arts tribaux fi gurait également parmi les institutions en lice, comptant, soit dit en passant, la National Gallery de Bulgarie et le Musée national Picasso de Paris. L’établissement en question n’est autre que le musée des Confl uences de Lyon qui, deux ans après son ouverture, est revenu à la Une de l’actualité avec l’installation « Fenêtre sur les Confl uences » au musée du quai Branly - Jacques Chirac, tête de proue du phénomène évoqué par Thomas. Cette mise en abyme singulière a été l’occasion de revenir dans notre rubrique « Musée à la Une » sur l’histoire de cette institution portant un nouveau regard sur des collections du passé. À l’instar de ces musées d’ethnographie du XXe siècle, cette édition de Tribal Art magazine se présente comme un entrelacs d’histoires célébrant les arts et les cultures d’ailleurs, qui mèneront le lecteur du pays galwa, au Gabon, jusqu’au Nouveau-Mexique, en faisant halte dans de nombreuses contrées... Elena Martínez-Jacquet . Éditorial Notre couverture illustre un portrait photographique de Frank A. Rinehart et/ou d’Adolph F. Muhr intitulé Yellow Magpie, Arapahoe, 1899. Épreuve gélatino-argentique. Environ 18 x 23 cm. Greater America Exposition, Omaha, Nebraska, 1899. Rinehart neg. 1392. Avec l’aimable autorisation des Trustees of the Boston Public Library, Print Department.


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