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149 Thomas G. B. Wheelock 1941–2016 ils ont travaillé de fait ensemble pour publier l’ouvrage de référence Land of Flying Masks: Art and Culture in Burkina Faso. En 1987, lorsque j’ai rejoint le Center for African Art, Tom en était le directeur adjoint, et plus tard, en 2000, alors que j’enseignais à Vassar, je fus commissaire d’une petite exposition de la collection de Tom en l’honneur de sa défunte mère, diplômée de Vassar. Depuis, nous avons déménagé l’un et l’autre, de manière très surprenante, vers le Sud – moi au High Museum d’Atlanta et Tom à Nashville. Tom et moi avons étroitement collaboré sur la check-list d’une grande exposition sur l’art du Burkina Faso, tout en assurant des dons de sa collection au High Museum. Malheureusement, nous avons dû reporter ce projet car Tom était alors préoccupé par une douloureuse procédure de divorce. Contrairement à sa tendance à épouser puis à laisser tomber les femmes – bien qu’il ait heureusement trouvé son âme soeur sur la fi n de sa vie en la personne de Jannean Barnes – Tom a jalousement veillé sur sa collection tout au long de sa vie. Nourri par un désir insatiable de collectionner tout l’art du Burkina Faso, son intérêt ne se limitait pas aux masques et aux fi gures sculptées, mais englobait tout. La dernière fois que j’ai vu sa collection c’était dans un lieu de stockage d’art haut de gamme dans le Bronx et, malheureusement, cela faisait des années que Tom ne vivait plus avec les oeuvres extraordinaires qu’il avait assemblées avec dévotion. Cependant, cela a permis d’épargner sa collection de l’inondation de Nashville qui a détruit ses volumineuses archives et sa bibliothèque. Un magnifi que petit choix d’oeuvres de la Wheelock Collection a été mis en vente par Sotheby’s à Paris en 2011. La question est désormais de savoir ce qu’il adviendra de l’héritage extraordinaire de Tom, un trésor artistique inestimable qui représente le patrimoine national du Burkina Faso. Carol Thompson Thomas G. B. Wheelock est né le 21 octobre 1941 et a quitté ce monde le 23 décembre 2016. Il était devenu un collectionneur passionné de l’art du Burkina Faso après son arrivée à Ouagadougou durant l’été 1972, au terme d’un éprouvant voyage à travers le Sahara. Il passa la plus grande partie de la décennie suivante dans ce pays. Dans une courte vidéo amateur postée sur Vimeo par sa petite-fi lle adoptive, Emily Yorke, Tom – vêtu comme à son habitude d’une élégante écharpe, d’un chapeau, d’un costume trois-pièces, d’une cravate et d’une pochette – parle de cette période, les yeux brillants, comme si c’était hier. Dans cette courte vidéo, Emily remarque que « Tout ce qu’il faisait le rendait un peu plus intéressant ». Après l’art africain, l’autre grande passion de Tom était peutêtre l’opéra, à propos duquel il partageait son enthousiasme avec de nombreuses personnes, dont ses amis de toujours, les collectionneurs d’art africain de Seattle Oliver et Pamela Cobb. Ollie se rappelle que c’était « l’un des derniers New-Yorkais qui était autant à l’aise au Sahara que dans sa loge à l’opéra, que j’ai eu le plaisir de partager avec lui lorsque je venais en ville. On pourrait dire que Tom était “itinérant”, avec des maisons tour à tour à Antigua, Hudson et enfi n Nashville, ainsi que deux ou trois appartements à New York. Peut-être son agitation était-elle l’une des caractéristiques qui le rendaient aussi attirant. On aurait dit que Tom poursuivait toujours un nouvel intérêt, mais, bien sûr, au sommet de la pyramide il y avait l’art du Burkina Faso. » Dans un entretien avec Rebecca Bynum en 2007, Tom se souvint des débuts de sa vie de collectionneur. « Je ne pourrais pas dire que collectionner l’art africain soit arrivé complètement par hasard. J’avais déjà ça dans le sang. Cela a démarré quelque part dans les années 1940 lorsque, jeune garçon, j’ai été irrésistiblement attiré par la décision du Metropolitan Museum de se défaire d’une myriade d’objets dynastiques contenus dans ses réserves. Enchanté à cette époque par l’Égypte ancienne, j’ai acheté un cobra en bois peint et gesso, l’uraeus d’une statue de pharaon égyptien. » J’ai vu pour la première fois l’étincelle dans l’oeil de Tom lorsque je l’ai rencontré chez mon professeur, Christopher D. Roy, un spécialiste de l’art du Burkina Faso à l’Université de l’Iowa, où j’étudiais l’histoire de l’art. Tous les deux discutaient autour de l’idée d’organiser une grande exposition sur l’art du Burkina Faso. Bien que ce projet n’ait jamais vu le jour,


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