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118 Le symbolisme pende est, dans une certaine mesure, comparable à celui d’Ala dans les maisons mbari, bien que le microcosme igbo soit célébré publiquement dans une mbari ouverte et visible de tous. L’accès à la maison pende, elle aussi décorée d’images, est, lui, strictement interdit, sauf pour quelques personnes. Une succession de palissades, de cours ou d’antichambres et parfois de sculptures de gardiens empêchent d’approcher les objets sacrés abrités dans la maison. La pièce donnant sur l’extérieur renferme les insignes publics du chef, comme les armes et les tenues, tandis que la pièce intérieure dissimule trois importants masques de chef. Ici, la notion de microcosme est plus fl oue. Pourtant, plusieurs métaphores cosmiques sont liées à cette construction pende. On l’appelle « maison des morts », une entrée vers l’au-delà ancestral, « le coeur du village », un grenier, ou encore un enclos où les ancêtres envoient des animaux en guise de nourriture26. Comme les maisons mbari, il s’agit d’un édifi ce volontairement temporaire qu’il est interdit de réparer. « La kibulu est également un objet esthétique témoignant de la richesse, du rang et des goûts personnels d’une personne donnée »27. LUBA L’imagerie explicite de la mère et l’enfant est relativement rare dans l’art des Luba de RDC, où abondent les fi gures féminines. Cette prédominance tient à l’importance accordée aux femmes, qui en plus d’être des mères, sont considérées dans l’histoire, la vie et la pensée luba comme les ancêtres sacrées, les protectrices de la royauté sacrée, les conseillères des rois, les émissaires auprès de chefferies étrangères, les médiums ou devins, et bien plus encore28. Les femmes sont également censées abriter et protéger les « secrets de la vie », un rôle fondamental comparable à celui des mères des lointains yoruba du Nigeria. Il arrive cependant que des sièges luba, plus exactement des trônes royaux, présentent des thèmes liés à la maternité, renforçant ainsi le rôle primordial des femmes dans la royauté luba. Un exemple illustré en fi gure 18 possède une iconographie unique : un minuscule enfant aux proportions d’adulte se dresse sur la cuisse de la mère, tenant et tétant son sein droit pointu, la tête inclinée vers l’arrière. Les trônes sculptés ornés de cariatides illustrent l’idée des femmes soutenant la royauté – en l’occurrence, littéralement. À l’occasion d’importants événements d’État, le souverain s’asseyait sur une femme DOSSIER


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