DOSSIER 104 ga, le bois sacré qui entraînait des visions et le contact avec l’au-delà, les premiers ancêtres. Le bwiti ne parvint pas à s’implanter durablement en pays Galwa et resta marginal24. Le père Lejeune signala un fétiche de guerre, le ntilo, protecteur des fl èches, des sagaies et des balles. Placé à l’entrée du village, ce fétiche était fabriqué dans la forêt, avec du sang, de la chair ou l’os d’un ennemi tué à la guerre et était placé dans une corne d’antilope, de boeuf ou de gazelle, dans le crâne d’un singe, ou encore dans une coquille d’escargot25. LE CORPUS DES MASQUES GALWA Le pasteur Fernand Grébert (1886-1956), séjournant au Gabon de 1913 à 1931 à la station Samkita puis Talagouga sur l’Ogooué, dessina avec talent et fi délité, à la craie et aux crayons de couleur, quatre masques galwa à la fois masculins et féminins, de face et de profi l (fi g 4)26 ; ils étaient entourés d’un tissu de raphia pour dissimuler le crâne ainsi que les épaules du danseur. Ces quatre masques sont colorés en rouge, noir et blanc avec des motifs symétriques variant du triangle à l’ovale. Le triangle du front est rouge ou noir pour le masculin et blanc pour le féminin. Les yeux sont toujours colorés en rouge plus ou moins foncé. Le masque féminin présente une coiffure à petites coques disposées en diadème que l’on retrouve sur le masque en fi gure 22. Un seul masque féminin porte des boucles d’oreilles et un masque masculin porte une barbe de raphia qui part du menton. Illustrant une plaquette des Missions évangéliques établies sur l’Ogooué, une photo de 1907 montre un danseur habillé de raphia portant un masque galwa accompagné d’un joueur de tambour et d’un musicien tenant deux baguettes à la main. COULEURS ET DIMENSIONS Les masques galwa polychromes se caractérisent par des tailles différentes (de 24 cm à 38 cm) et l’emploi des trois couleurs. Le blanc (kaolin, pemba) et le rouge (tukula) sont associés aux éléments de l’univers : la lune et le soleil, la femme et l’homme, les humeurs corporelles et le sang, le lait et le sperme. La couleur noire, quant à elle, est associée à la justice ; c’est le rôle du masque okuji de réguler la vie sociale lorsque les palabres ont échoué. Aux motifs spécifi ques des triangles opposés de couleur noire ou rouge répondent des bandes en aplat rouge ou blanc. FIG. 21 : Masque. Galwa, Gabon. Bois, kaolin, ocre rouge et poudre noire de charbon. H. : 33 cm. Ex-coll. Pierre Robin ; Chantal Dandrieu et Fabrizio Giovagnoni. © Archives Galerie Dandrieu- Giovagnoni, photo : Hughes Dubois. du crâne et une peau de chat tigre accrochée au masque ou à la ceinture. Il tient d’une main un fouet (un chasse-mouche) et de l’autre une touffe de feuilles. Quelquefois il danse sur de longues échasses, accompagné d’hommes et de femmes qui chantent en choeur au rythme des tam-tams, en balançant leurs corps en cadence. Chaque village avait son okuji qui rivalisait de prouesses le jour. Ces réjouissances représentaient la facette publique de cette société initiatique, lieu de pouvoir où se pratiquait le droit ; l’okuji comme le yassi faisait régner la terreur dans le village et les sanctions pouvaient aller jusqu’à l’empoisonnement. Le bwiti – « religion » basée sur la connaissance du monde, la poésie, le théâtre et la danse – est apparu en pays Galwa au milieu du XIXe siècle, lors du commerce des esclaves. Reposant sur le culte des ancêtres, il est aussi un génie intercédant pour les hommes près de Dieu représenté par une statuette en bois de forme humaine peinte en rouge et blanc. L’initiation était caractérisée par la manducation de l’ibo-
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