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DOSSIER 102 pas personnellement aux combats. Dans certains contes, on note que son fi ls aîné s’appelle Nkombe (le soleil) et ses autres fi ls Ndjambe (le tonnerre) et Ogula (la tornade)18. Léopold Codjo Rawambia ajoute que ces deux Anyambyé sont aussi les pères du vent et de la pleine lune et que le monde se découpe en trois univers : le premier supérieur ou macrocosmique est celui où résident les deux Agnambyé, les ancêtres et les esprits défunts élus. Le deuxième univers, l’intermédiaire ou mésocosme est celui du hasard où les lois naturelles apparaissent étranges. Il commence à la lisière du village et comprend la forêt FIG. 16 (À DROITE) : Masque. Galwa, Gabon. Bois, kaolin, ocre rouge et poudre noire de charbon. H. : 37 cm. Drouot Montaigne Paris, Vente Ader Picard Tajan, 21 mai 1990, lot 73. Collection privée. où résident les génies (imbwiri) qui possèdent la double vue (okove) et peuvent prédire le futur. Le troisième univers, le village, est le microcosme socialisé où vivent les humains, ceux qui ne sont pas dotés de la double vue. C’est là que les ancêtres et les divinités font l’objet d’un rite. Tous ces mondes ne sont pas étanches et la continuité du monde n’est possible que par de fréquents allersretours entre les différents univers, la réincarnation étant au centre de leur conception de l’espace19. Les Galwa croient également aux ombwiri, génies qui habitent les lacs, les montagnes, les forêts, les arbres, les plaines, les rochers – l’ombwiri est la sirène à la peau blanche avec une longue chevelure. Il peut arriver à l’ombwiri de s’éprendre d’une personne, alors, il la prend avec lui dans l’eau et la garde près de lui pendant cinq jours20. LES FEMMES, CES « VÉNUS NÈGRES » En 1893, selon Mary Kingsley, les femmes galwa au teint très noir étaient les plus avenantes de toute l’Afrique occidentale. Elles se tressaient mutuellement les cheveux sur le crâne avec des chignons élaborés où elles piquaient de longues baguettes d’ivoire de rivière (d’hippopotame) décorées de nervures noires et d’ouvrages ajourés, confectionnés par leurs maris. Leurs cheveux étaient teints avec de la poudre de padouk. Les femmes se maquillaient avec le noir (charbon de bois) pour les sourcils ; l’ocre jaune et le vermeil étaient appréciés. Toujours pour s’embellir, elles se scarifi aient les joues et les hanches21. La mode était d’avoir une baguette d’ivoire derrière chaque oreille dépassant vers l’avant comme deux cornes. Les femmes portaient un pagne qu’elles faisaient passer sous les aisselles et parfois un châle de coton européen aux motifs chinois. Leur seul couvre-chef était un mouchoir plié en triangle au niveau des sourcils et noué derrière la tête. Toujours d’après Kingsley, les femmes portaient volontiers autour du cou quelques perles turquoise ou imitant l’or et tenaient à la main une ombrelle de soie fermée. LES SOCIÉTÉS SECRÈTES Les Galwa adoptèrent des tribus voisines Pové et Masango la société secrète d’okukwè ou yassi. Le yassi (yaci ou yasi) avait été signalé par Trader Horn et le marquis de Compiègne, lors des funérailles de Nkombé. En 1895, le père Léon Lejeune écrit que le yassi est un esprit malin résidant dans FIG. 17 (CI-DESSOUS) : Masque. Galwa, Gabon. Bois et pigments. H. : 28,5 cm. Ex-coll. M. de Schryver. Sotheby’s Paris, 15 juin 2004, lot 169. Collection privée. © Vincent Girier-Dufournier.


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