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DOSSIER 96 Quant aux statuettes - une cinquantaine dans le corpus19 - une partie suit la règle du tiers entre la tête, le tronc et les jambes, mais une autre partie y déroge. D’autres proportions moins mesurables témoignent mieux d’une norme caractéristique, comme les mollets et les cuisses surdéterminés ou les bras au contraire fi liformes, collés au corps. Typiques du style I, elles se retrouvent en effet dans les statuettes du style III, même si on peut observer un affaiblissement des formes dans les pièces plus frustes de la collecte tardive. Les manches ? Les têtes des styles I et II (fi g. 3 et 4) n’en ont pas, mais elles présentent un cône creusé pour en accueillir un, externe. En revanche, les kébé-kébé font pièce avec un manche ayant l’aspect d’un bâton plein qui peut avoir deux formes : l’une plus courte, comme une poignée, l’autre plus longue et plus ou moins pointue (schéma en fi g. 10.). On peut supposer que le manche-poignée assure une prise solide au danseur lorsqu’il doit tournoyer au ras du sol ; le manche pointu permettrait d’enfoncer l’embout dans le creux d’un prolongateur, lorsqu’il faut élever la tête plus haut qu’à bras tendu20. Dans la cérémonie décrite par Alfred Poupon, l’opposition entre ces contraintes techniques se manifeste dans une même séquence par la sortie puis le retour du danseur, permettant qu’à un homme de grande taille s’en substitue un autre plus trapu, chacun avec l’équipement idoine21. On sait que l’évolution de la danse a donné toute la place au tournoiement et réduit la « montée »22. Une élévation de moindre ampleur permet à un seul danseur d’assurer les deux aspects. Ainsi s’expliquerait que de nombreux manches du style III puissent hésiter entre les deux formes, comme d’ailleurs les manches des objets faits pour les Blancs. Pour ce qui concerne les coiffes, les styles I et II en ont chacun une caractéristique, en forme de calotte pour le style I et de pain de sucre pour le style II. Les premiers objets répertoriés du style III en présentent, eux, six, la sixième – dite « coiffe de chef » – étant apparue sans doute pour contrebalancer les premières effi gies de chefs blancs (fi g. 12). Les dents sont très caractéristiques dans la statuaire kuyu, qu’elles aient la forme d’une grille, de crochets ou qu’elles soient en dents de scie (fi g. 11). Celles du style II (fi g. 11-b) sont « en grille » d’un seul tenant. Leur nombre souvent FIG. 7 a-b (À DROITE) : Deux vues d’une marotte kébé-kébé (style III). Kuyu, Congo. Bois, pigments et peau. H. : 67 cm. Collectée par Mme G. Vassal en 1925. British Museum, Af1925.0618.2n. © a-The Trustees of the British Museum / b-Archives de l’auteur. Style I


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