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89 FIG. 14 (CI-DESSOUS) : Little Wolf (Shunkmanitu Chigala, Sicangu Lakota), Cérémonie Yuwipi. 1909. Crayon graphite et huile (?) sur lin. 21 x 35,7 cm. Speed Art Museum, inv. 2016.4.30. La scène au centre, entre le feu et la hutte à sudation, dépeint ce qui se passe à l’intérieur du tipi au cours de la cérémonie Yuwipi. L’autel érigé consiste en une peinture sèche de l’Homme de Pierre (Tunkan) et est entouré de quatre poteaux au sommet desquels sont attachées des offrandes de tabac (c´anlipah.ta). Par le biais de ses relations familiales à Hambourg, Weygold est invité à illustrer l’édition allemande de l’ouvrage Indian Boyhood, une collection de récits largement autobiographiques publiée en 1912 par l’auteur santee dakota Charles Alexander Eastman. Saluées par Eastman et d’autres comme étant « extrêmement raffi nées et fi dèles à la nature », les illustrations traduisent parfaitement le point de vue de Weygold, qui déclare : « Bon nombre de mes idées se prêtent davantage au noir et blanc qu’à des représentations en couleurs. » Après la Première Guerre mondiale, un autre recueil d’Eastman et une traduction en deux volumes de My Life as an Indian de James Willard Schultz sont publiés en Allemagne. Illustrés et annotés par Weygold, ces ouvrages seront réédités jusque dans les années 1930. Le projet éditorial le plus ambitieux de Weygold n’est autre qu’une étroite collaboration avec l’écrivain de l’Ouest Stanley Vestal (Walter Stanley Vestal Campbell), dont le premier roman Happy Hunting Grounds comporte non seulement des illustrations de Weygold mais aussi des connaissances historiques et ethnographiques qu’il a transmises à l’auteur (fi g. 4). Les deux hommes s’étaient rencontrés à l’époque où Campbell enseignait dans un lycée de Louisville, et ce dernier confi era plus tard que c’est Weygold qui lui avait donné « la clé pour comprendre l’Indien, à savoir comprendre sa religion ». À son retour d’une visite dans la réserve indienne de Blackfeet dans le Montana en 1915, où il est témoin des conditions de vie extrêmement pénibles, Weygold devient un fervent défenseur de la cause indienne. Sa passion pour la nature américaine en fait également l’un des premiers écologistes, et, dans les années 1920, il rejoint la lutte victorieuse destinée à empêcher la transformation des chutes de Cumberland (les « Niagara du Sud ») en source d’énergie hydroélectrique. Durant cette période, il étoffe son portfolio de dessins d’artefacts et rassemble une collection beaucoup plus vaste que prévu, dont la majeure partie sera vendue aux musées d’Hambourg et de Leipzig. Ces objets seront détruits presque totalement pendant la Seconde Guerre mondiale. Weygold réalise aussi l’ultime portrait du vénérable chef Red Cloud (fi g. 17 et 18). Il acquiert également des dessins de Short Bull, l’un des prophètes de la danse lakota des Fantômes (qu’il avait vu dans le spectacle de Buffalo Bill en 1891), et consigne un texte lakota se rapportant à la Hunka, ou cérémonie d’adoption, dont la publication en Allemagne en 1912 sera, elle aussi, négligée par les anthropologues américains. En 1908, Weygold s’installe à Louisville pour s’occuper de son père souffrant. Conscient de n’avoir pu devenir un marchand d’objets amérindiens, il décide de former une petite collection, dont il vendra une partie dans les années 1930 à Gottfried Hotz, un enseignant zurichois passionné. Ces objets fi niront dans la première collection du Nordamerika Native Museum de Zurich. FREDERICK WEYGOLD


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