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FIG. 2 et 3 (PAGE PRÉCÉDENTE et EN HAUT) : Vues des salles de Picturing American Indian Cultures: The Art of Kentucky’s Frederick Weygold. Avec l’aimable autorisation du Speed Art Museum. Photos : Bill Roughen. FIG. 4 (CI-DESSOUS) : Frederick Weygold. Croquis pour l’en-tête du chapitre 5 du Happy Hunting Grounds de Stanley Vestal, 1920. Crayon, encre noire et graphite sur papier. 18,4 x 25,4 cm. Speed Art Museum, inv. 2016.4.52. Dans ses illustrations pour des livres, Weygold accorde une grande attention aux détails d’ordre ethnographique. Parfois, on peut y reconnaître des objets précis, comme c’est le cas de la lance que l’on voit ici qu’il reçut à son retour de Pine Ridge, grâce à la succession de George Sword. La pièce fut vendue ensuite au Museum für Völkerkunde de Leipzig, où elle fut détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale. service de Karl von Linden, fondateur et directeur du Musée ethnographique qui porte aujourd’hui son nom. Impressionné par l’enthousiasme du jeune homme, Linden le recommande auprès des musées de Berlin et Leipzig. Weygold s’aperçoit vite que les collections allemandes dédiées aux Indiens d’Amérique du Nord sont particulièrement intéressantes du fait de leur ancienneté et de leurs liens avec de célèbres collectionneurs du début du XIXe siècle, tels le prince Maximilian de Wied ou le duc Paul de Wurtemberg. En 1901, Weygold découvre à Berlin un tipi datant des années 1830, exemplaire le plus ancien ayant subsisté dans une collection muséale. Ce tipi est atypique, non seulement en raison de sa petite taille, mais également parce qu’il est orné de pictographes, que Weygold interprète dans un premier temps comme évoquant la légende lakota de la Femme Bison Blanc et son don de la pipe sacrée aux Lakota (fi g. 5-7). L’essai qu’il consacre à cet psychiatrique de Saint-Louis, la Saint Vincent’s Institution of the Insane. Le petit garçon est alors placé dans une famille d’accueil à l’initiative du pasteur de la petite communauté germanoaméricaine de Friedens, non loin de Saint Charles, dans le Missouri, tandis que son père continue à enseigner à l’Elmhurst College, avant de devenir le pasteur de l’église évangélique allemande Saint- Paul à Louisville. C’est dans les vestiges de la forêt vierge de Friedens que le père adoptif de Weygold lui insuffl e l’amour de la nature. Cette passion sera vécue par Weygold comme l’origine de son patriotisme et comme un trait essentiel de l’art américain. Les pointes de fl èches ramassées dans les champs et les histoires des « anciens » sur les confl its entre les pionniers et les Indiens éveillent très vite en lui un intérêt pour les populations natives, qu’il développera considérablement lors de ses années d’étude en Allemagne, où son père l’envoie à l’âge de seize ans. À cette période il lit, très probablement, les romans allemands de l’époque consacrés aux Indiens et assiste en 1891 à un Wild West Show de Buffalo Bill. Plus tard à Strasbourg, où il étudie les langues modernes – un compromis entre le souhait de son père qu’il devienne pasteur et son propre désir de devenir artiste – il apprend seul le lakota ainsi que le langage des signes des Indiens des Plaines (fi g. 1). Toutefois, plus il passe de temps à l’université, plus il se voit comme un artiste. Il quitte Strasbourg sans achever ses études pour fréquenter les académies des beaux-arts de Karlsruhe et Stuttgart. Dans cette dernière ville, il met ses connaissances des cultures amérindiennes au


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