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FIG. 12 (CI-DESSUS) : Christ féminin en pendentif. Culture kongo. XVIIIe siècle. Ivoire. H. : 10,5 cm. Collection privée. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Dider Claes, photo : studio Philippe de Formanoir-Paso Doble. FIG. 13 (CI-DESSOUS) : Christ féminin en pendentif. Culture kongo. Fin XVIIIe - XIXe siècle. Ivoire. H. : 6,5 cm. Hong Kong, Ethnic Art & Culture Ltd. 72 FIG. 14 (CI-DESSOUS) : Pendentif de saint Antoine / Toni Malau. Culture kongo. XVIIIe - XIXe siècle. Ivoire, H. : 19,5 cm. Collection Loed et Mia Van Bussel, Amsterdam. qui l’avait présenté à Londres lors de la dernière édition de Frieze Masters, du 6 au 9 octobre 2016 (fi g. 12). L’objet appartient à un corpus très succinct de pendentifs composé uniquement de trois pièces, dont deux sont montrées dans l’exposition (fi g. 13). La dernière étant l’admirable exemplaire de la collection Dartevelle que nous avions exposée en 2010 à Sarran. Outre sa rareté et sa beauté, ce qui rend l’objet de Claes remarquable est le pagne bien spécifi que de la suppliciée qui évoque celui que l’on retrouve ceignant les hanches de certains nkisi kongo. On évoquera également l’angle de nuque très particulier du personnage féminin, que l’on retrouve sur les autres exemplaires, qui rappelle celui que l’on observe sur certains sceptres woyo représentant des femmes suppliciées ou garrotées, avec la nuque brisée sur le côté, au pied de fi gurations de chefs mâchant une racine rituelle. Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer l’iconographie du christ féminin sans qu’aucune n’ait été retenue comme défi nitive. Cela dit, l’hypothèse qui me semble la plus solide – et qui fut avancée il y a déjà quelques années par Marc Leo Felix – est qu’il s’agirait d’une évocation du martyre de Beatriz Kimpa Vita, jeune noble kongo à l’origine du mouvement messianique bâti autour de la fi gure de saint Antoine, qui fut brûlée vive par le tribunal de l’Inquisition au XVIIIe siècle et dont la mort fut très vite rattachée au martyre du Christ sur la croix. L’idée que ces pendentifs féminins s’inscrivent dans le contexte de l’antonionisme semble corroborrée par le fait que cette mouvance religieuse avait intégré d’autres pendentifs, des représentations de saint Antoine, à ses pratiques rituelles (fi g. 15). T. A. M. : Enfi n, à vous entendre, il semblerait que l’art d’Afrique centrale d’inspiration chrétienne ait la faveur de nombreux collectionneurs – qui plus est avertis ! – bien qu’il s’agisse d’un domaine assez étroit, en termes de corpus de pièces… J. V. : J’ai été surpris de constater au cours de mes recherches qu’en effet, il y a plus d’amateurs qu’on ne peut le croire ! Toutefois, il reste vrai que c’est un art qui a mis du temps à trouver sa place sur le marché, et même dans le monde des musées, où il a pu être estimé comme pas assez africain. Les premiers amateurs de ce type de MUSÉE À LA UNE


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