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MUSÉE À LA UNE européens précis ? La réponse est oui. Prenez le cas d’une vierge de style woyo sculptée dans les années 1930 qui, par sa gestuelle, est clairement rattachable à des statuettes ou des images pieuses européennes ayant comme sujet Notre-Dame de Lourdes. De la même manière, certains nkangi kiditu sont inspirés d’un modèle de christ élaboré par Giambologna et largement diffusé en Europe à partir du XVIIe siècle. Nous présentons d’ailleurs dans l’exposition l’un de ces christs de Giambologna collecté chez les Kongo pour attester de l’importation du modèle. On a également trouvé dans des tombes cheffales kongo du XVIIIe siècle, fouillées dans le cadre du projet KongoKing, de petits crucifi x de chapelets européens arborant, aux pieds du Christ, une représentation de la Vierge ainsi qu’une tête de mort avec deux tibias croisés, c’est-à-dire l’emblème du Golgotha. Certains de ces crucifi x de fouille, qui enrichissent maintenant les collections de l’Institut des Musées Nationaux du Congo, ont pu être identifi és par Philippe Malgouyres, conservateur au département des objets d’art et des sculptures du Louvre, comme des créations provenant de la péninsule Ibérique et caractéristiques des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce qui est frappant c’est que d’autres crucifi x de style clairement kongo, collectés dans un contexte ethnologique cette fois, présentent des similitudes de motifs, et surtout d’emplacement de motifs, avec les pièces archéologiques. Ceci nous amène à penser que l’inspiration iconographique de ces nkangi kiditu particuliers est à rechercher auprès des petits crucifi x de la péninsule Ibérique et qu’ils ne peuvent donc être antérieurs aux XVIIe- XVIIIe siècles. T. A. M. : Pour en revenir aux pièces exposées dans Du Jourdain au Congo, comment les avezvous 70 sélectionnées ? J. V. : Les choix répondent essentiellement à des critères qualitatifs et historiques. Cela n’a donc rien d’étonnant si une bonne partie des oeuvres provient de fonds muséaux, où sont conservés de nombreux spécimens anciens. Avec une quarantaine de pièces, le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren est le plus grand prêteur. L’exposition compte également des pièces du musée du quai Branly – Jacques Chirac, ainsi que quelques objets emblématiques conservés dans FIG. 7 (À GAUCHE) : Statue de saint Antoine / Toni Malau. Culture kongo. XVIIe - XVIIIe siècle. Bois et pigments. H. : 47,7 cm. Nationaal Museum van Wereldculturen, Leyde. FIG. 8 (CI-DESSOUS) : Pierre Dufl os, Marie-Elisabeth Thibault et Clément-Pierre Marillier (graveurs), Recueil d’estampes représentant les grades, les rangs et les dignités suivant le costume de toutes les nations existantes... 1780. Paris, Pierre Dufl os. 41,8 x 27 x 5,5 cm. Paris, BNF.


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