Page 70

T83F

68 FIG. 3 (À GAUCHE) : Détail d’une canne d’autorité mwala. Culture kongo (Yombe ?). Fin XIXe - début XXe siècle. Bois. H. : 117 cm. Galerie Bernard Dulon. © Galerie Bernard Dulon, photo : Vincent Girier Dufournier. FIG. 4 (CI-DESSUS) : Représentation de Notre- Dame de Lourdes. Culture kongo (Woyo). Années 1930. Bois polychrome. H. : 37 cm. MRAC, Tervuren. Photo : J. Van de Vyver. PAGE DE DROITE FIG. 5 (EN HAUT) : Pierre Bodo, Lieu de tourment pour les méchants. 1992. Acrylique sur toile. 93 x 90 cm Collection Lucien Bilinelli, Bruxelles / Milan. FIG. 6 (EN BAS) : Pierre Bodo, Sans titre. 1992. Acrylique sur toile. 89 x 87,5 cm Collection Lucien Bilinelli, Bruxelles / Milan. la colonisation à proprement parler correspond à ce que j’appelle la première évangélisation, qui vit l’apparition notamment des emblématiques crucifi x en laiton, ou nkangi kiditu (fi g. 1), dont la plupart des exemplaires connus et conservés dans des collections muséales furent observés / collectés à la fi n du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, bien longtemps après leur création aux XVIIe – XVIIIe siècles, voire même au XVIe siècle. Fondus entièrement en alliage cuivreux ou bien sculptés dans du bois et agrémentés d’un christ en métal, ces crucifi x étaient transmis à la mort d’un chef à son successeur au cours d’une cérémonie, et ne doivent pas être confondus avec les santu ou klusu, des croix en bois attestées au XIXe siècle, notamment chez les Kongo orientaux, les Holo, les Yaka et les Zombo, et employées lors de rites propitiatoires pour la chasse (fi g. 2). T. A. M. : Vous parlez d’une première évangélisation : y en a-t-il eu d’autres ? J. V. : Tout à fait. Et à chacune sa production artistique, d’ailleurs ! Une deuxième évangélisation s’est produite pendant la période coloniale proprement dite, après la conférence de Berlin qui vit la répartition de l’Afrique entre les grandes puissances européennes. Dans les cultures kongo, on voit apparaître alors de nombreux objets – cannes, stèles, sculptures, etc. – avec des motifs empruntés à l’art chrétien, dont notamment la fi gure mariale, illustrée dans l’exposition, entre autres, par une très belle canne d’autorité kongo, couronnée par une délicate vierge orante de la collection Dulon (fi g. 3). Cette prévalence de la fi gure mariale (fi g. 4) représentée sur des supports divers et dans des attitudes différentes – portant l’enfant, en prière, etc. – s’explique par le fait que le Congo belge fut placé à cette époque sous le patronage de la Vierge, faisant écho au renouveau marial en Europe, et vit rapidement l’apparition de la fi gure de Notre-Dame-du-Congo, sauveuse des « païens égarés ». Enfi n, au cours du XXe siècle, on assiste en Afrique centrale à une troisième évangélisation, avec la prolifération des « Églises de réveil ». Un peu dans le prolongement des églises kimbanguistes – du nom du prophète Simon Kimbangu, actif dans la première moitié du XXe siècle – ces nouvelles églises pentecôtistes et charismatiques prônent le pouvoir de la prière


T83F
To see the actual publication please follow the link above