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151 FIG. 7 (PAGE DE GAUCHE) FIG. 8 (CI-DESSOUS) façon à ce qu’ils disparaissent presque totalement, ou au contraire les surexposer afi n d’obtenir une zone quasi brûlée, ou encore mélanger les deux procédés. J’ai énormément expérimenté et appris, toujours en quête d’une image évoquant au mieux un masque déterminé (fi g. 6a-f). T. H. : Vous avez exposé ces oeuvres pour la première fois en 2005 à la Baldwin Gallery à Aspen, dans le Colorado. Un catalogue aussi intéressant qu’atypique a d’ailleurs été publié pour accompagner cette exposition... A. F. : Dans le catalogue, nous sommes allés encore plus loin dans la recherche autour de la notion de masque en imprimant les images sur du papier kraft. Le résultat rehausse la manière dont le masque recouvre le visage et dont le visage devient le masque. Cette fl uidité est une composante importante du travail, d’autant plus qu’en fi n de compte, ce n’est pas le masque que nous voyons dans ces images, mais son ombre, l’absence du masque en réalité. Adam Fuss: Mask Images d’Adam Fuss, texte de Peter Lamborn Wilson Publié en anglais par Baldwin Gallery, 2005 24,13 x 30,48 cm, 48 pages, 25 images trois teintes ISBN : 0967144922 Première édition limitée à 1 000 exemplaires. nous permet de comprendre en partie pourquoi les gens créent de l’art. Les masques, de même que les représentations de masques, possèdent également une dimension de transcendance qui m’attire. T. H. : Une chose relativement curieuse, pour moi et sans doute d’autres passionnés d’art tribal traditionnel, c’est que vous n’êtes pas forcément sensible à la qualité et l’ancienneté au moment de choisir un masque sur lequel vous allez travailler. D’ailleurs, vous obtenez parfois même un meilleur résultat en vous servant d’un objet de pacotille acheté aux puces plutôt que d’un chef-d’oeuvre Dan, pour ne donner qu’un exemple. A. F. : Lorsque j’ai revisité le thème des masques dix ans plus tard dans l’intention de créer une nouvelle série, j’en ai emprunté quelques-uns à New York. Certains étaient de bonne qualité et anciens, tandis que d’autres étaient simplement folkloriques, voire absolument pas tribaux. Puis j’ai réalisé quelques photogrammes de masques à Bruxelles. Xavier Hufkens, mon marchand bruxellois attitré, possédait une petite collection d’art africain, notamment des masques, et par son intermédiaire j’ai pu m’en procurer d’autres dans le quartier du Sablon. J’ai utilisé le studio d’un ami photographe, Steven Sack, qui disposait d’une chambre noire. Cela dit, je n’ai jamais constaté la moindre corrélation entre la qualité d’une image et la qualité d’un masque. Je cherche à révéler le mystère, notamment en jouant avec la lumière. Dans certains cas, l’exposition du masque provenait de multiples sources de lumière, parfois en combinant un stroboscope et une bougie (fi g. 5) ou en déplaçant une lampe de poche (fi g. 3). Certaines images donnent l’impression de danser, parce que la lumière se déplace pendant l’exposition. Le masque pouvait même parfois changer de position durant l’exposition (fi g. 7). La lumière pouvait aussi se trouver à l’intérieur du masque, comme si elle provenait de l’individu masqué lui-même (fi g. 8), plutôt que de passer à travers les yeux. Il m’arrivait parfois de recouvrir les yeux (fi g. 4) ou de les exposer différemment (fi g. 2). C’était un immense terrain de jeu. Les masques éclairés à la bougie ont particulièrement retenu mon attention. J’obtenais ainsi un effet étrange, très fantomatique. Je pouvais jouer sur les niveaux d’exposition – par exemple, exposer les yeux de ADAM FUSS


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