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FIG. 1 : Squelette complet d’un casoar. Les pattes puissantes se terminent par des doigts munis de griffes acérées. En se projetant griffes en avant, l’oiseau est capable d’éviscérer un prédateur imprudent. Vignette : un casoar dans son habitat naturel. 108 ART et sciences Poignards en os de Nouvelle-Guinée « Analyse anatomique » Par Nefertari Tabak Tadema, Henk Tabak et Michel Thieme existante, qui s’intéresse davantage aux pratiques des chasseurs de têtes et aux cérémonies qui y sont liées (Zegwaard 1959), ou encore aux différents styles décoratifs et à leurs variétés locales (Newton 1989). À notre connaissance, la thématique n’a été abordée que dans la description de la collection Biro publiée dès 1899 (Lajos et Jegyzeke 1899), mais le compte rendu qui en était fait – précis et détaillé, soit dit au passage – n’était illustré que par de simples croquis, sans images d’ossements, ce qui entrave la compréhension du propos. Afi n d’y voir plus clair, nous nous sommes tournés d’abord vers le matériau dans lequel ont été créés les poignards : les os du casoar, de l’homme et du crocodile. Pour un simple amateur d’art, il est particulièrement diffi cile de se procurer des os de casoar immaculés, exempts de toute ornementation. Heureusement, le musée d’histoire naturelle de Leyde (connu désormais comme Naturalis Biodiversity Center) abrite une vaste collection d’oiseaux et de mammifères. Lorsque nous avons contacté Pepijn Kamminga, conservateur du département Oiseaux et Mammifères dudit musée, et que nous lui avons fait part de nos intentions, il nous a invités à découvrir les réserves. Déterminante, cette visite nous a permis de trouver des éléments de réponse à certaines questions que nous nous posions et que nous partageons ici avec les lecteurs de ces pages. Mais tout d’abord, une précision d’ordre lexicologique : le terme « poignard » désignera ici aussi bien des armes de combat, des objets de cérémonie exhibés lors de célébrations ou utilisés pendant des rites initiatiques, des biens de prestige, des outils d’horticulture (culture de l’igname) ou des utensiles pour réaliser des cordages tressés. L’art de Nouvelle-Guinée est réputé pour ses incontestables nuances et sa grande diversité. Les poignards en os n’échappent pas à la règle. Bien que façonnés dans un matériau imposant des limites importantes, ils peuvent être extrêmement élaborés et présenter des décorations et des formes différentes. Ce sont précisément ces formes qui nous ont interpelés. N’ayant qu’une fi ne partie extérieure solide – l’intérieur étant, quant à lui, constitué d’une masse poreuse fragile – les os ne se prêtent pas aisément à la sculpture. Dès lors, comment peut-on obtenir autant de formes ? Cette question est peu évoquée dans la littérature


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