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DOSSIER PREMIER CONTACT La première patrouille de reconnaissance organisée par le gouvernement dans les monts Hunstein eut lieu fi n 1962 et fut menée par les agents James O. Hunter et H. W. Gill. Dans la maison des hommes (yeweina) de Gahom, non loin du fl euve Setifa5, Hunter observa, suspendus parmi des rangées de tabac sculptés en bois auxquels étaient accrochés des sacs contenant des effets personnels et des grappes de noix de bétel ». Hunter rapporta également d’autres détails intéressants : les murs de la maison des hommes étaient recouverts de « peintures d’écorce » (sans doute des pétioles de cycas) illustrant « des silhouettes fl ûtes en bambou et de plusieurs « petites fi gures sommairement sculptées représentant à la fois des humains et des animaux variés »6. 96 Durant sa seconde mission dans la région en janvier 1963, Hunter arriva près du fl euve April dans un petit campement de chasse non identifi é – probablement temporaire – dont les occupants s’étaient enfuis. Seul un homme y était resté pour surveiller les visiteurs et protéger la maison des hommes délabrée qui abritait encore plusieurs garra7. Hunter prit une photo intrigante de cet édifi ce (fi g. 12). On y voit plusieurs garra anciens et fortement patinés disposés à l’extérieur. Le gardien de la maison pose avec un garra incomplet, qu’il tient à l’envers. Si certains garra peuvent évoquer un visage lorsqu’on les retourne, il n’est cependant pas clairement établi que cette position inversée soit intentionnelle8. Au cours de la décennie suivante, les Bahinemo eurent peu de contacts avec les quelques étrangers qui sillonnaient la région – patrouilleurs, collecteurs et marchands d’art, anthropologues, linguistes, géologues et autres scientifi ques. Parmi ces visiteurs se trouvaient notamment Wayne Heathcote, Douglas Newton, Barry Craig, Wayne Dye, ainsi que Meinhard et Gisela Schuster. Patrouilleur et collecteur de terrain, Heathcote arriva aux monts Hunstein en 1964 et visita chaque colonie connue de la région. Selon lui, d’autres collecteurs d’art du Sepik, comme Iven Solomon, Nils Madsen et Philip Goldman n’avaient pas exploré cette région. Rien d’étonnant donc que la majorité, pour ne pas dire tous les garra publiés en 1971 par Goldman dans le catalogue d’exposition Hunstein Korowori (fi g. 2) aient été collectés par Heathcote lui-même9. sauvage en train de sécher, « plusieurs crochets de lézards ou humaines », de nombreuses FIG. 8 (EN HAUT À DROITE) : Intérieur d’une maison des hommes, village de Gahom, 12 novembre 1962. Avec l’aimable autorisation de James O. Hunter. Censés appartenir aux ancêtres et servir de sièges, des crânes partiellement enterrés sont visibles devant les tambours à fente (garamut). FIG. 9 (PAGE SUIVANTE) : Female garra. Hunstein Ranges, East Sepik Province, Papua New Guinea. Bois sculpté au moyen d’outils en métal et pigments. H. : 122 cm. Collecté en mai 1971 dans le village d’Inaro. National Gallery of Australia, Canberra, inv. 2016.31, don de David Attenborough. Avec ses yeux percés à travers la planche, ce garra féminin s’inscrit dans le genre « masque ». Au dos de l’ergot de suspension, on trouve deux yeux sculptés qui représentent sans doute un serpent, une roussette ou un autre animal. FIG. 7 (CI-DESSOUS) : Garra. Monts Hunstein, province du Sepik oriental, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bois. Museum für Völkerkunde, Berlin, inv. VI 47.969, acquis auprès de H.M. Lissauer en 1965. D’après H. Kelm, Kunstgegenstände aus dem Sepik-Gebiet (Neuguinea), Baessler-Archiv, Neue Folge, Band XVII, 1969. Il est probable que le garra de la National Gallery of Australia, 2016.31 (fi g. 9), ait été sculpté afi n de remplacer celui-ci.


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