Page 87

T82F

ART FIDJTIIEKNI 107 qu’on pourrait d’abord prendre pour des idoles ... jetés sans soin dans les cases, et l’on ne montre pour elles aucune espèce de vénération. » (1823 : 324). Par contre, il existait des tiki conservés au fond des vallées dans les me’ae, lieux sacrés et interdits encore appelés vahi tapu, qui étaient fort redoutés. Aussi le commun des mortels faisait-il toutes sortes de détours pour les éviter afi n de ne pas être tué par les pouvoirs occultes des divinités. Le savoir sur les tiki était détenu exclusivement par les prêtres et les chefs et ne pouvait être communiqué. L’ethnologue allemand Von den Steinen – auteur d’un important ouvrage en trois volumes sur la culture des îles Marquises – suggère que les tiki ne représentaient personne en particulier lorsqu’ils étaient achevés par le sculpteur ou tuhuka ha’atiki. D’apparence extrêmement stéréotypée, les seuls éléments distinctifs sont des détails tels que les motifs de tatouage sur le corps et également sur les joues éminemment tapu – notion renvoyant au domaine du sacré et de l’interdit. En ce sens, les tiki apparaissent comme des coques vides, qui ne deviennent la demeure d’un esprit qu’après que l’attribution d’un nom par le tau’a, au cours de la récitation des généalogies divines tenues secrètes, n’opère le transfert magique du mana. Les statues en pierre ou en bois de formes diverses étaient généralement conservées au sein des me’ae sur les paepae – pavages quadrangulaires de blocs de pierre, généralement destinés à recevoir une case –, dans les autels à offrandes ou les cases funéraires. Des offrandes de têtes de porcs, tortues, victimes humaines étaient déposées au pied des tiki. Seuls les prêtres et leurs assistants vivaient dans ces lieux hautement sacrés où ils pratiquaient les cérémonies religieuses. TIKI MONOLITHES Ceux-ci sont généralement taillés dans du tuff volcanique de couleur rougeâtre, ke’etu (fi g. 1), mais il existe des exemplaires créés dans des roches plus dures de couleur grisâtre (voir photo : fi g. 2). On les retrouve dans les îles de Ua huka et, dans une moindre mesure, à Ua pou. La plus grande concentration de ces statues monumentales se trouve dans les îles de Hivaoa, et en particulier sur le site de Puamau et de Nuku hiva à Taipivai. Le plus connu d’entre eux mesure 2,63 mètres, et est la représentation du grand chef Takai’i (fi g. 3). Ses yeux immenses et son corps trapu campé


T82F
To see the actual publication please follow the link above