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MUSÉE À LA UNE FIG. 8 (CI-DESSOUS) : Statue masculine. Luba-Hemba, Niembo de la Luika, RDC. XIXe siècle. Bois. H. : 75 cm. Ancienne collection Patricia Ann Withofs, Londres, avant 1977. Galerie Alain de Monbrison, Paris. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Claude Germain. 76 pièce de l’exposition (fi g. 2), annonçant l’esprit de la collection. Il atteste d’un parti-pris esthétique de très haute qualité, dont le pedigree ajoute souvent à la valeur propre ; il affi rme la volonté d’aller vers une sélection d’oeuvres essentielles, à la fois puissantes, séduisantes et pertinentes, dans une vision humaniste et préoccupée par le devenir du monde. La plupart des pièces majeures de ce patrimoine lointain, qui est aussi une part de l’histoire de notre nation, sont aujourd’hui appelées hors de nos frontières par un marché de l’art international qui a toujours existé en Europe et aux États-Unis, mais se développe de plus en plus vers le Proche-Orient et l’Asie. Face à cette réalité où le musée n’a pas toujours les moyens d’agir, le collectionneur s’est senti investi d’une responsabilité en permettant à des pièces qu’il considérait comme majeures de rester sur le sol français ; puis en acceptant de les mettre en lumière au musée du quai Branly pour les proposer à la délectation du plus grand nombre. L’esprit de la collection est exploré dans les affi nités de sens que des oeuvres formellement et culturellement distantes peuvent développer les unes avec les autres, en contrepoint du catalogue qui exploite plus graphiquement les points de convergence formels, proportions, attitude, expression, détails et matières. Cet esprit de collection fait cohabiter la pureté archaïque d’une idole cycladique (fi g. 3) et celle d’un masque dan (fi g. 4) que Paul Guillaume avait, arbitrairement certes, mais dans une volonté de reconnaissance, daté du Ve siècle apr. J.-C., à une époque où l’art africain se situait dans une absence d’histoire par rapport aux oeuvres des grandes civilisations et où les datations par C14 n’étaient pas employées8. Les « dialogues d’oeuvres » exploitent l’ambiguïté d’une statue d’ancêtre fang aux proportions enfantines (fi g. 5) et celle d’un Héraclès juvénile (fi g. 6), la noblesse réaliste d’un portrait d’Hadrien en marbre et celle de celui de l’oba Ohen en « bronze » (royaume de Bénin) (fi g. 7), la sensibilité émouvante de ce jeune homme aux traits partiellement effacés par le temps mais dont le regard nous interroge par-delà la mort (portrait du Fayoum), et celle d’une fi gure masculine luba-hemba aux yeux clos qui veille pourtant sur sa descendance (fi g. 8), l’assurance féminine d’une grande statue-pilon du Poro sénoufo debout (fi g. 9), mains aux hanches face à celle d’une délicate statuette d’Amlach, FIG. 9 (À DROITE) : Statue féminine. Sénoufo, Côte d’Ivoire, région nord. XIXe siècle. Bois. H. : 84,5 cm. Acquise par Hélène Kamer au début des années 1960. Galerie Kamer, New York. Ancienne collection Roland de Montaigu, Paris/New York. Ancienne collection Brian and Diane Leyden, New York. Sotheby’s, Paris, Brian and Diane Leyden collection, Bete and Senufo Art, 5 décembre 2007, lot n°5. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Claude Germain.


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