Page 76

T82F

MUSÉE À LA UNE Ville de Paris (1995), vers le public des musées, marquant, à rebours des idées reçues, le désir de partage des collectionneurs. D’autres manifestations ont cristallisé cet intérêt pour les collectionneurs et les collections privées2, notamment ceux qui s’intéressent à l’art africain3. Le sujet des collections privées, quel que soit le domaine, est de plus en plus abordé en « temps réel », proposant un instantané qui raconte le cheminement d’un engagement individuel et son inscription dans une histoire plus générale et plus longue qui est celle d’une époque, voire d’une succession d’époques. Peut-on pour autant caractériser les collections du XXIe siècle et plus précisément celle-ci, qui rassemble soixante oeuvres très variées ? Dans ce projet inédit et peut-être un peu inattendu au musée du quai Branly, se côtoient comme dans leurs lieux d’origine, une sculpture de Jacques Lipchitz, une autre de Picasso, une peinture de Hans Hartung, une autre de Serge Charchoune, une chouette du Proche-Orient antique et un portrait de l’empereur Hadrien : une vingtaine de références éclectiques accompagnent un noyau fort de quarante et une pièces d’art extra-européen (trente-six africaines et cinq océaniennes) qui rassemble de nombreux chefs-d’oeuvre de ces domaines. On peut noter en préambule que l’état du marché des arts « primitifs » a eu une incidence importante sur la constitution de nouvelles collections au tournant du XXIe siècle. Pour l’art africain, ce marché s’est construit en France peu à peu dans le premier tiers du XXe siècle, avec une double reconnaissance de la part des artistes et des premiers amateurs qui associent tous peintures modernes et sculptures « nègres », en majorité africaines. Il a suivi une progression continue à travers quelques moments clés : la dépression économique des années 1930 a vu la dispersion des premières grandes collections, celle d’A. Breton et de P. Éluard en 1931, qui fut un succès économique où les résultats dépassèrent les estimations, celle de Georges de Miré également en 1931, et celle de Félix Fénéon en 1947. La valorisation des arts africains par les premiers marchands, en particulier Paul Guillaume, s’exporte dans les années 1920 aux USA4. En 1931 Pierre Matisse, le fi ls du peintre, ouvre une galerie à New York à côté du MOMA qui organise en 1935 la fameuse exposition African Negro Art. À la même époque Helena Rubinstein, 74 FIG. 5 : Gardien de reliquaire eyema-byeri. Fang, sous-style Betsî / Mekè, Gabon. XIXe siècle. Bois et patine noire brillante. Socle de Kichizô Inagaki 1876-1951, Paris. H. : 42,5 cm. Ancienne collection Georges de Miré (1890-1965), Paris, 1920-1931. Paris, Drouot, Collection G. de Miré. Sculptures anciennes d’Afrique et d’Amérique, 16 décembre 1931, n°49 Ancienne collection Nico Mazaraki, Paris. Ancienne collection Albert Kleinmann, Paris, 1930-1950. Christie’s, Paris, 14 juin 2004, lot n°186 et couverture. Galerie Bernard de Grunne, Bruxelles, 2005. Ancienne collection Adam Lindemann, New York. Sotheby’s, Paris, 11 décembre 2013, lot n° 23. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Claude Germain. FIG. 6 (PAGE SUIVANTE, À GAUCHE) : Statue d’Héraclès enfant. IIIe siècle apr. J.-C. Marbre. H. 70,5 cm. Provenance : Galerie Cybele, Paris. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Claude Germain.


T82F
To see the actual publication please follow the link above