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MUSÉE à la Une ÉCLECTIQUE Une collection du XXIe siècle Par Hélène Joubert Il est rare qu’un musée ouvre ses portes aux collections privées, et plus rare encore à celle d’un seul collectionneur. Si les expositions temporaires puisent dans les ressources privées, c’est que les musées n’ont pas des ressources exhaustives, cherchant soit à renforcer la pertinence du discours, soit à rehausser la qualité d’un ensemble. Cependant, la timidité en partie déontologique des musées vis-à-vis des collections privées s’explique par le manque de documentation ou de provenance d’un objet, argument souvent invoqué face aux collections ethnographiques documentées sur le terrain, ou par mesure de prudence vis-à-vis de la valorisation de pièces de collection entrées, même temporairement, dans ce panthéon ultime. Les ressources des collections privées, en particulier en ce qui concerne les arts africains, sont pourtant importantes et précieuses, et attestent depuis un siècle d’une attention sélective qui a enrichi les musées et le fera sans doute de plus en plus à l’avenir. À une information contextuelle souvent défaillante s’est substituée dans le courant du XXe siècle une documentation validée par le prestige d’une origine marchande, d’une participation à des expositions, des publications, du passage entre les mains de collectionneurs célèbres, qui constituent une autre forme d’historicité. Cet aspect a été l’un des critères de choix de Marc Ladreit de Lacharrière. Il se rattache ainsi à une chaîne de références sur plusieurs générations, dont il est conscient de devenir un maillon historique1. Le champ d’ordinaire très confi dentiel en France des collections privées est allé, depuis l’exposition Passions Privées au musée d’Art moderne de la FIG. 1 (CI-DESSUS) : Affi che de l’exposition Éclectique. Une collection du XXIe siècle. À l’affi che au musée du quai Branly - Jacques Chirac, dans l’espace de la mezzanine Est, du 22 novembre 2016 au 2 avril 2017. © musée du quai Branly - Jacques Chirac. FIG. 2 (À GAUCHE) : Statue féminine pileuse de mil. Dogon, style N’duléri, Mali, centre-nord du plateau de Bandiagara, région de Touré / Douenza. XVIe - XVIIe siècle. Bois, pigments, ornements et pièces de restauration en fer. H. : 100,5 cm. Gouro Sow, Bamako. Ancienne collection Hélène et Henri Kamer, Cannes/Paris/New York, avant 1966. Ancienne collection Hélène et Philippe Leloup, Paris. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Claude Germain.


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