le village contre les vols, apaiser les confl its, punir les mauvaises actions et préserver les villageois de la sorcellerie8. Il est intéressant de constater que Kanfarandé est également le village où la marchande d’art parisienne Hélène Kamer (aujourd’hui Leloup) et son mari de l’époque, Henri Kamer, ont acquis huit sculptures de serpent similaires au début de l’année 1957 (fi g. 7), dont l’exemplaire exposé au Louvre (fi g. 2) ainsi que ceux qui furent vendus chez Christie’s (fi g. 3) et Sotheby’s (fi g. 6). Dans un article consacré à ce serpent dans le guide du Louvre paru en 2000 sous le nom de Sculptures9, la Française Marie Yvonne Curtis, historienne de l’art et spécialiste de l’art baga, indique que la région nalu s’était islamisée au milieu des années 1950 sous l’infl uence de prosélytes musulmans et que de nombreux objets rituels avaient été soit brûlés et détruits, soit vendus par des responsables politiques et religieux de la région. C’est vraisemblablement dans ce contexte que non 125 Si elle reconnaît ne pas se souvenir avec précision des événements qui eurent lieu quarante années plus tôt, Mme Nicaud semble toutefois suggérer que le serpent du CMA provenait du village de Katoko, situé dans la région des Baga Sitemu. Cependant, la documentation de Komor liée à l’acquisition de l’objet mentionne le village de Kanfarandé, qui se trouve dans le district de Boké, occupé par les Nalu. Boké est également cité dans les informations qui accompagnent la photo de terrain de Nicaud, ce qui laisse penser que le serpent provient effectivement de cette région. Les Nalu considèrent que l’esprit du serpent Ninguinanga apporte prospérité, fi délité et richesse, et les protège du malheur. Incarnant cet esprit protecteur, le cimier-serpent mbanchong veillait sur toute la communauté et plus particulièrement sur les jeunes adultes subissant le rite de la circoncision ou d’initiation. Pendant l’initiation, l’apparition de mbanchong s’accompagnait toujours d’un autre danseur masqué appelé mtonko, qui faisait offi ce de guide et de messager. En dehors du contexte d’initiation, mbanchong était utilisé par les anciens afi n de maintenir l’ordre, protéger
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