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CARL KJERSMEIER 119 Le moindre espace était utilisé, même le haut du pare-soleil du véhicule38. Kjersmeier se faisait beaucoup de souci quant à la bonne conservation des cimiers de danse qui, en plus d’être nombreux, possédaient tous des longues cornes incurvées et fragiles. Les conditions précaires de transport pourraient être à l’origine des dégâts sur certains exemplaires, en dépit d’une restauration minutieuse. Dans son carnet de voyage publié, Kjersmeier se souvient : « Nous devions placer les masques antilopes tout autour de nous à l’intérieur du véhicule, au sol et sur les sièges. Ils ont fi ni par être tellement serrés les uns contre les autres que c’est devenu un problème et nous avons dû rivaliser d’adresse pour les disposer de telle manière qu’ils ne se brisent pas.39 » APRÈS LE VOYAGE Depuis son appartement à Copenhague, Kjersmeier se mit à entretenir une abondante correspondance avec des particuliers, des artistes, des collectionneurs, des marchands et des conservateurs de musée en Europe et aux États-Unis sur l’art africain. Parallèlement, il rédigeait de nombreux articles pour des journaux et des revues au Danemark et à l’étranger. Il multiplia ses interventions dans des publications de livres, de poèmes, des conférences, des émissions de radio et des expositions. Il est évident que Kjersmeier aurait aimé qu’on le considérât comme un – voire l’unique – expert éminent de l’Afrique. En réalité, à bien des égards il en était un. Sa contribution à l’ouvrage Negro: An Anthology de Nancy Cunard40 fut signifi cative. Sans surprise, Kjersmeier y parlait d’art bamana et notamment de cimiers de danse sogoni-koun. Carl Kjersmeier s’est éteint en 1961, suivi par Amalie en 1968. Comme prévu, le Nationalmuséet accueillit la totalité de la collection du couple. Celle-ci comprenait alors quatre cent quarante-cinq sculptures et masques, quelque huit cents poids ashanti, cent cinquante textiles du Kasaï, environ trois cents publications et la majeure partie de leurs archives personnelles. Peu après son transfert en 1968, la collection fut brièvement exposée au public dans son intégralité, puis le musée commença à travailler sur l’enregistrement et l’agencement des objets sous forme d’installation permanente. Aujourd’hui, un siècle après que Carl Kjersmeier ait acquis son premier objet africain et près de cinquante ans après le don de la collection, les visiteurs FIG. 26 (À DROITE) : Danseur portant un cimier. Région de Sintinguila, probablement à côté de Ségou. Photo : collection privée. FIG. 27 (CI-DESSOUS) : Carl et Amalie Kjersmeier sur une péniche traversant le fl euve, probablement dans la région de Sikasso. Photo : collection privée. FIG. 28 (À DROITE) : Carl Kjersmeier tenant un des cimiers de danse (probablement celui reproduit en fi gure 18) qu’il collecta dans la région de Sikasso, dans un village qu’il identifi a comme étant Diegoumina. Photo : collection privée. FIG. 29 (À DROITE) : Halte dans la région de Mopti. À droite de l’image se tient le camion dans lequel voyageaient les Kjersmeier. Photo : collection privée.


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