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116 FIG. 18 (above): Cult hooks offered for sale at Bekapeki village, April River, 1972. Photo courtesy of Barry Craig, image ref BK12:18. DOSSIER à l’art nègre, j’aurai enfi n l’occasion de l’étudier dans son contexte d’origine.31 » Cette région abritait les sociétés qu’il considérait comme étant les plus talentueuses du continent, à savoir les Habbe (Dogon), les Bamana et les Baga. Le périple des Kjersmeier en Afrique de l’Ouest s’étendit de novembre 1931 à avril 1932 et marqua profondément le couple. Carl, qui avait appris par lui-même les rudiments de la langue bamana grâce à des textes traduits en français, put dès lors entretenir des conversations basiques avec les locaux. Le couple relata ses expériences africaines dès son retour en 1932, dans le récit intitulé Paa fetischjagt i Afrika : 6000 km. i automobil gennem Fransk Sudan, Øvre Volta og Guinea (De la chasse aux fétiches en Afrique, 6 000 km en automobile à travers le Soudan français, la Haute-Volta et la FIG. 21 (À DROITE) : Cimier de danse sogonikoun. Bamana, Mali ou Burkina Faso. Bois. H. : 55 cm. Collecté in situ, Soudan français, 1931-32. Ex-coll. Kjersmeier ; Lau Sunde, Copenhague ; Flemming Falch Christiansen, 1984. Collection privée. qu’on le prenne au sérieux.33 » Son périple devait justement remédier à cela en attirant l’attention du grand public sur ces cimiers de danse largement inconnus jusque-là. Les Kjersmeier collectèrent quelque trois cents objets durant leur aventure, dont cinquante-six cimiers de danse sogoni-koun. Plus de la moitié, trente-quatre exactement, furent vendus ou donnés à des collectionneurs privés, des marchands et des musées. L’un deux rejoignit le musée de l’Homme à Paris (fi g. 14) et un autre l’Etnografi ska Museet à Stockholm (inv. 1932.17.0002). Sur le nombre total d’objets collectés, ils en conservèrent soixantetreize, dont vingt-deux cimiers de danse qui plus tard, conformément à leur legs, furent transférés au Nationalmuséet. Les critères de sélection de ce corpus de vingt-deux sogoni-koun sont inconnus, mais rien ne permet de penser qu’ils étaient d’une qualité supérieure à celle des spécimens vendus. Dans un entretien, Kjersmeier indiqua : « Dans la région des Bamana, je suis parvenu à collecter environ cent cinquante oeuvres d’art typiques des Bamana, essentiellement des objets anciens sculptés dans le bois dur du bombax (Bombax cornui).34 » Il est certain que ces oeuvres enrichirent considérablement la collection. Le voyage des Kjersmeier commença à Copenhague en novembre 1931. Ils prirent le train pour Marseille, puis rejoignirent Dakar en bateau. De là, ils se rendirent en train dans la ville de Kayes, dans l’actuel Mali, puis arrivèrent à Bamako. Kjersmeier y loua un petit camion qui, outre le couple, devait aussi transporter un chauffeur, un cuisinier, des provisions et tout le matériel nécessaire pour parcourir la brousse (fi g. 29). Le couple FIG. 20 (CI-DESSOUS) : Cimier de danse sogonikoun. Bamana, Mali. Avant 1932. Bois. H. : 26 cm. Collecté in situ, Famana, 1932. Ex-coll. Kjersmeier. Nationalmuséet, Copenhague, Danemark, inv. G8038. © Nationalmuséet, Copenhague. Guinée)32. Dans le cadre de la préparation de ce voyage, les Kjersmeier avaient obtenu plusieurs recommandations écrites de l’Académie royale des beaux-arts du Danemark, où ils exposèrent par la suite leur collection d’art africain. L’objectif de ce voyage se devine dans les propos de Kjersmeier extraits de l’ouvrage précédemment cité : « La mission première de notre voyage consistait à étudier l’art des Bamana, en particulier les dénommés Sogoni koun … Seule une quantité limitée d’entre eux fi gurait dans les musées européens et, curieusement, aucun article rédigé sur le sujet ne méritait


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