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FEATURE 114 des Kjersmeier laissant voir de nombreux objets. L’une de ces images montre le bureau de Kjersmeier, sur lequel se dresse le cimier de danse mentionné plus haut. Bien que non datées et non documentées, ces photos ont été prises probablement à une période légèrement postérieure à 1936, année où le couple acquit le fameux appui-tête luba-shankadi dont il a été question au début de cet article et qui est reconnaissable sur les images. Les cimiers de danse d’Afrique de l’Ouest, en particulier du Mali, présentent des variations, des tailles et des types différents. Ils étaient fi xés à une petite coiffe en vannerie qui pouvait être attachée à la tête du danseur lors des performances. Le type admiré, collectionné et qualifi é par Kjersmeier de cimier de danse antilope sogoni-koun est originaire des communautés d’agriculteurs du Mali. Leur classifi cation et leur utilisation ont été décrites par plusieurs chercheurs spécialisés dans le domaine27. La morphologie de ces cimiers de danse ne fait pas référence à une seule antilope, mais plutôt à un groupe de trois animaux. La partie inférieure, la plus proche de la tête du danseur, est un fourmilier aux pattes courbées, dont le dos est surmonté d’un pangolin pourvu d’écailles et d’une queue incurvée. La tête du pangolin se mue en une tête d’antilope rouanne qui, avec ses oreilles et ses longues cornes, représente le troisième animal28. L’on comprend aisément pourquoi ces compositions extrêmement visuelles ont fasciné et inspiré les artistes et les collectionneurs européens du début du XXe siècle – et continuent à le faire aujourd’hui. Pour les Kjersmeier, collectionner s’accompagnait d’un exercice d’évaluation permanent visant à affi ner l’essence de la collection. Dans ce sens, chaque décision quant à un objet devait servir une vision déterminée de l’art. Tous deux considéraient que ce processus allait de pair avec le développement de la connaissance et de l’expérience. C’est ainsi que Kjersmeier tissa d’importantes relations avec plusieurs antiquaires, notamment Lau Sunde, gérant de la boutique Etnografi ca à Copenhague, et Charles Ratton à Paris. Sunde acheta bon nombre d’objets aux Kjersmeier après le voyage du couple en Afrique de l’Ouest française, dont des cimiers de danse sogoni-koun29. Dans le livre d’or des Kjersmeier, il réalisa un joli dessin de cimier de danse suivi du commentaire : « Avec toute ma gratitude pour ces nombreuses soirées agréables. » Leurs transactions concernèrent cinq cimiers de FIG. 16 (CI-DESSUS) : Cimier de danse sogonikoun. Bamana, Mali. Avant 1932. Bois et pigments rouges et noirs. H. : 43,5 cm. Collecté in situ, Soudan français, 1931-32. Ex-coll. Kjersmeier ; Lau Sunde, Copenhague ; E. Lauritzen, 1971. Collection privée. FIG. 15 (CI-DESSOUS) : Cimier de danse sogonikoun. Bamana, Burkina Faso. Avant 1932. Bois et fi bres rouges. H. : 55,9 cm. Collecté in situ, Sulubua, 1931-32. Ex-coll. Kjersmeier ; Lau Sunde, Copenhague ; Steen Strömberg ; Ole Christensen ; Sotheby´s, New York, 19 mai, 2000. Avec l’aimable autorisation de Sotheby´s.


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