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DOSSIER 110 les activités en Afrique, allant jusqu’à qualifi er publiquement les postes missionnaires « ... d’incubateurs pour hypocrites et escrocs, favorisant la tromperie…10 ». Pour la première fois en Scandinavie, Kjersmeier organisa à Copenhague, en 1928, une exposition d’art tribal présentant deux cent quatre-vingt-six objets sélectionnés dans des collections privées danoises et provenant essentiellement d’Afrique, mais aussi d’Océanie et d’Amérique du Sud11. Plus de cent objets appartenaient à la collection du couple Kjersmeier. Grâce aux relations que Carl entretenait avec les artistes modernes scandinaves, les pièces de sa collection étaient parfois présentées aux côtés de leurs propres oeuvres. Ce dialogue manifestait la conviction de Kjersmeier que l’art tribal avait été une infl uence déterminante pour les mouvements artistiques d’avant-garde, notamment le cubisme et l’expressionnisme, du fait de la rencontre des artistes avec des sculptures d’Afrique et d’Océanie12. En 1934, Kjersmeier prit part au nouveau Congrès international des sciences d’anthropologie et d’ethnologie, qui se déroula à Londres sous l’égide de Harry G. Beasley. La seconde édition se tint à Copenhague en 1938, cette fois coorganisée par Carl Kjersmeier. Ce dernier était également en charge de la section spécialisée en ethnographie africaine. La Seconde Guerre mondiale retarda la tenue du congrès suivant, qui eut fi nalement lieu à Bruxelles en 1948. C’est très certainement dans le cadre de ces congrès que Kjersmeier put élargir ses connaissances, nouer de nouvelles relations avec des personnalités du milieu et asseoir sa renommée comme collectionneur d’art africain. Le 4 octobre 1943, le Nationalmuséet de Copenhague fi t savoir que les Kjersmeier « … étaient actuellement en voyage… 13». Cela revenait à dire qu’ils avaient en réalité fui l’occupation allemande pour rejoindre la Suède neutre, en raison des origines juives d’Amalie. Plusieurs conservateurs du Nationalmuséet, proches des époux Kjersmeier, se chargèrent de transférer rapidement et discrètement toute la collection africaine de l’appartement du couple vers le musée, afi n de la conserver temporairement en lieu sûr. Au printemps 1945, les deux collectionneurs ainsi que leur collection purent regagner leur foyer. À cette époque, la collection – l’une des plus vastes collections privées du genre, sinon la plus vaste – comptait près de deux mille objets14.


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