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102 FIG. 15 (CI-DESSOUS) : Cinq garra à crochets dans la maison des hommes, village d’Inaro, 6 mai 1971. Les deux garra de droite furent acquis par David Attenborough et se trouvent désormais dans la collection de la National Gallery of Australia. Avec l’aimable autorisation de Ray Langford. FIG. 16 (PAGE DE DROITE) : Garra masculin provenant vraisemblablement de la région du fl euve Salumei, monts Hunstein, province du Sepik oriental, Papouasie- Nouvelle-Guinée. Bois sculpté au moyen d’outils en métal et pigments. H. : 147,5 cm. Collecté en mai 1971 dans le village d’Inaro. National Gallery of Australia, Canberra, inv. 2016.32, don de David Attenborough. tion de la National Gallery (fi g. 9) a vraisemblablement remplacé un garra ancien de forme identique acquis en 1965 par le Museum für Völkerkunde de Berlin (fi g. 7)28. Aussi cela renforce-t-il l’idée que les garra étaient devenus des objets voués au commerce extérieur. Leur production s’accéléra sous l’effet de l’apport d’outils en métal. Avant les années 1960, le métal était pratiquement inexistant au sein des communautés des monts Hunstein, ce qui explique pourquoi la majorité des exemplaires traditionnels de garra ont manifestement été sculptés à l’aide d’herminettes munies d’une lame de pierre. Toutefois, les lames en métal n’étaient pas totalement absentes de la région. Dès lors, le fait qu’un crochet de culte ait été sculpté au moyen d’outils en métal ne remet pas forcément en cause son authenticité. Si Hunter observa que les herminettes à lames de pierre étaient légion, il aperçut néanmoins quelques rares objets en métal au cours de sa patrouille en 1962, notamment « une vieille machette rouillée, quelques couteaux de poche bas de gamme et une grande pièce de métal provenant de l’épave d’un avion militaire29». À moins qu’un garra ne soit clairement ancien, il est impossible de déterminer, sur la base de critères purement esthétiques, s’il a bel et bien été sculpté à des fi ns traditionnelles. Craig observa un certain nombre de crochets de culte récents à Bekapeki en 1972 (fi g. 15) et rapporta que ces sculptures étaient jugées « incorrectes » parce que leurs auteurs n’avaient jamais vu directement les esprits. Seuls les hommes ayant réellement vu les esprits étaient en mesure de sculpter des garra correctement30. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier les personnes suivantes pour l’aide qu’elles m’ont apportée lors de la rédaction de cet article : David Attenborough, Chris Boylan, Laurie Bragge, Wayne Heathcote et Jonathan Fogel. Merci également à Barry Craig, James Hunter et Ray Langford de m’avoir généreusement permis d’utiliser leurs photos prises sur le terrain. Enfi n, je suis très reconnaissant envers Barry Craig, conservateur principal des cultures du monde au South Australian Museum d’Adélaïde, de m’avoir apporté son indéfectible soutien. NOTES 1. Kawasaki, 1998, p. 79-91. 2. Newton, 1971, p. 18. 3. Newton, 1971, p. 22. 4. Newton, 1971, p. 20-21. 5. Craig apprit que la maison de culte des hommes à Gahom se nommait yeweina tandis que celle des hommes sanio à Bekapeki s’appelait yolosin (notes de terrain de Craig, lundi 25 décembre 1972, p. 164-165). 6. Hunter, 2015, p. 60. À notre connaissance, aucun musée ne possède un exemple de ces artefacts décrits par Hunter. 7. Hunter, communication personnelle, mars 2016. 8. Newton, 1971, p. 20 et 31, nº 49 et 50. Un autre exemplaire DOSSIER


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