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FIG. 19 (À GAUCHE) : Frederick Weygold, L’attaque de l’aube. 1909 ou 1910. Huile sur toile. 43,5 x 110,5 cm. Speed Art Museum, inv. 1936.27.7. Au cours de la cérémonie de remise de cadeaux à laquelle il assista dans la réserve de Pine Ridge, Weygold fut témoin de l’attaque simulée d’anciens guerriers vêtus de chemises de scalp et portant des coiffes de plumes (ánponatanhi, « à l’aube ils sont venus nous attaquer »), une composante de la Danse du Soleil aujourd’hui interdite. James Walker, le médecin de la réserve de Pine Ridge et l’un des premiers ethnologues, rappaorta que le travail de Weygold était « tenu en haute estime par les artistes à New York, en particulier le tableau peint d’après le croquis représentant les Indiens chargeant à travers la plaine le 4 juillet… Il m’est revenu que votre représentation des chevaux impliqués dans cette charge était absolument remarquable ». 91 FIG. 17 : Frederick Weygold, Red Cloud (Maxpiya Luta, Oglala Lakota). 1909. Épreuve gélatino-argentique. 11,4 x 9,2 cm. Speed Art Museum, inv. 2016-4-113 f. 2a. Cette photo du célèbre chef Red Cloud fut prise devant la tente militaire qui abritait la famille de Red Cloud pendant une cérémonie de remise de cadeaux. Après avoir pris la pose pendant quelques minutes, Red Cloud s’évanouit et dut être ramené à son lit de camp. Les notes de terrain de Weygold comportent un dessin sur lequel apparaissent les couleurs des motifs perlés. FIG. 18 : Frederick Weygold, Portrait de Red Cloud. 1909. Huile sur toile. 86,4 x 109,2 cm. Speed Art Museum, inv. 1936.27.1. Cette toile représentant Red Cloud fut réalisée par Weygold dès son retour de la réserve de Pine Ridge en automne 1909. Le tableau respecte scrupuleusement la photo qu’il avait prise au mois de juillet, à l’exception notable du sac à pipe, que l’artiste a remplacé par un sac similaire collecté à Pine Ridge et se trouvant aujourd’hui dans la collection du Speed Art Museum. L’on note deux autres différences par rapport à la photo : au lieu d’une plume blanche, c’est une touffe de poils roux qui est attachée à la plume ornant la tête de Red Cloud, tandis que l’arrière-plan est neutre. le Speed Museum devient le Speed Art Museum en 1947, la collection indienne est négligée. Malgré sa renommée, l’homme tombe dans l’oubli. Pourtant, son souvenir est souvent évoqué au musée par le biais de sa collection comptant plus d’une dizaine de peintures, deux cents artefacts ethnographiques, quatre cents photos, près de mille dessins et des documents d’archives. Comme l’indique l’intitulé de l’exposition et du livre, la redécouverte de Weygold porte en priorité à tout ce qu’il a accompli en tant qu’artiste et ethnologue. Elle aborde néanmoins d’autres facettes de sa vie et de sa carrière, notamment ses représentations de l’emblématique Old Kentucky Home, sa vision muséologique, son rôle au sein du monde artistique de Louisville, ainsi que sa volonté d’interpréter les cultures amérindienne et allemande dans une société qui croyait fermement en l’idéologie de « destinée manifeste » refl étée dans sa propre civilisation. Artiste conservateur et profondément ancré dans le XIXe siècle, Weygold avait toutefois des opinions très ouvertes en matière de religion et de société. L’exposition et le livre dont il est question ici reposent sur des recherches menées dans des institutions américaines et européennes et illustrent avec à-propos l’un des principaux objectifs des musées : conserver des biens qu’une époque a pu estimer mineurs afi n de leur donner une seconde chance dans le futur, une chance que Weygold mérite amplement. Frederick Weygold. Artist and Ethnographer of North American Indians. Éd. Christian F. Feest et C. Ronald Corum. Publié en anglais par ZKF Publishers, Altenstadt, Allemagne 2017. Distribué par University of Oklahoma Press, Norman, Oklahoma. 260 pages, 379 illustrations en couleurs et 92 en noir et blanc.


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