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67 recouvre divers types d’objets de facture locale créés à des époques diverses et affi chant des réminiscences, souvent plus iconographiques que rituelles, avec les artefacts chrétiens européens. Les circonstances de l’apparition de ces oeuvres varient d’une culture à une autre. Dans le cas des principales populations concernées – les peuples kongo relevant du royaume kongo historique, comme les Solongo, les Ndibu les Mushikongo, etc. –, la relation avec le christianisme remonte à la découverte de l’embouchure du Congo par l’explorateur portugais Diego Cao en 1482. Ces premiers contacts entre Européens et populations locales prirent une toute autre dimension dans les siècles suivants, avec l’établissement d’ordres missionnaires, comme les Jésuites et les Capucins, dans la région. Cette longue période allant jusqu’à FIG. 2 (CI-CONTRE) : Croix santu. Kongo orientaux. Fin XIXe - début XXe siècle. Bois et matières sacrifi cielles. H. : 43 cm. MRAC, Tervuren. © MRAC, Tervuren, photo : J. Van de Vyver. FIG. 1 (PAGE DE GAUCHE) : Crucifi x nkangi kiditu. Culture kongo. XVIIe siècle ? Alliage de cuivre. H. : 24,5 cm. Collection privée. Photo : Paul Louis. Tribal Art magazine : Comment ce projet d’exposition a-t-il pris forme ? Julien Volper : La proposition de développer cette exposition m’a été faite par Stéphane Martin, président du musée du quai Branly – Jacques Chirac, dont l’intérêt personnel pour les objets africains et asiatiques d’iconographie chrétienne est très vif. Son idée de départ était de monter une exposition sur la fi gure du Christ représentée sur les crucifi x kongo, une thématique que j’avais largement explorée pour la préparation de mon ouvrage de 2011 Ora pro nobis : étude sur les crucifi x bakongo, première monographie publiée sur le sujet depuis l’ouvrage précurseur de Robert Wannyn en 1961. Très rapidement, conscients du caractère ultra spécialisé du sujet, nous avons élargi l’approche pour susciter l’intérêt d’un public le plus large possible. C’est ainsi que nous avons considéré d’autres typologies d’objets – sculptures de saints, objets d’usage, stèles funéraires, etc. – témoignant de la richesse de la production artistique aux racines chrétiennes des peuples kongo, mais aussi des cultures voisines. Cette ouverture nous a semblé vraiment nécessaire car non seulement elle pourrait permettre au visiteur de mieux saisir l’ampleur du phénomène, mais elle contribuerait également à distinguer cette exposition des dernières initiatives muséales consacrées récemment au monde kongo. Je pense notamment à Kongo: Power and Majesty au Metropolitan Museum of Art en 2015, la dernière en date, mais aussi à Kongo across the Waters au musée de l’université de Princetown, d’octobre 2014 à janvier 2015, à l’exposition de 2010 Carnets de voyage : Edmond Dartevelle, un valeureux explorateur africain (musée du Président Jacques Chirac à Sarran) ou bien encore à la surprenante exposition Kongo Kingdom Art qui a voyagé dans plusieurs musées chinois en 2004. T. A. M. : Comment est né cet art d’inspiration chrétienne ? J. V. : Tout d’abord, il convient de préciser qu’il ne s’agit pas d’une catégorie artistique en elle-même, mais plutôt d’une expression qui


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