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Notre couverture illustre un photogramme sans titre d’Adam Fuss, appartenant à la série consacrée aux masque tribaux que l’artiste réalisa entre 2004 et 2006. Épreuve gélatino-argentique, photogramme unique. Avec l’aimable autorisation de Cheim & Reid et Hunt Fine Arts. 2 Une fois n’est pas coutume, c’est à la première personne que j’écrirai ces lignes car, encore peinée par l’annonce du décès de Jean Paul Barbier-Mueller le 22 décembre dernier, il me tient à coeur de partager avec vous tous, lecteurs de ce magazine et passionnés d’art tribal, mon admiration et ma reconnaissance à l’égard de cet homme hors-norme dont le charisme et la noblesse d’esprit n’avaient d’égal que la sagacité de son regard. Incarnation de l’esthète par excellence, il rechercha – et su trouver ! – la beauté dans toutes les formes où s’exprime le talent créateur de l’homme : de l’art cycladique aux toiles des maîtres de l’avantgarde historique, des sonnets de Du Bellay à la poésie du déchirement de Lorca, rien n’aura échappé à sa curiosité pas plus qu’à son jugement. Mais c’est au domaine de l’art tribal – expression qu’il défendait avec verve – que son nom sera lié à jamais. Sa soif de comprendre les arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et sa capacité de discernement prirent la forme d’un précieux cadeau : deux musées, l’un à Genève ouvert en mai 1977 et l’autre à Barcelone (1997 - 2012), dont le dynamisme et la rigueur – traduits en expositions et publications de référence – en ont fait un phare pour toute une génération de collectionneurs, d’amateurs et de chercheurs, dans laquelle je m’inclus. Pour cet engagement dans la promotion de savoir et la valorisation de l’art tribal, merci ! Merci mille fois... Tribal Art magazine avait entrepris avec Jean Paul Barbier-Mueller un hors-série anniversaire sur les quarante ans du musée Barbier-Mueller de Genève que dirige Laurence Mattet. Les passionnantes conversations suscitées par le développement de cette publication – et les nombreuses digressions tout aussi passionnantes sur sa vie de collectionneur – ont été abrégées par son départ. Mais là encore, c’est un cadeau que Jean Paul Barbier-Mueller nous a fait là, celui de nous donner l’opportunité de lui rendre hommage dans ce volume à paraître, sans la pudeur et la retenue que nous aurait dictée sa personnalité peu encline à la complaisance. Mais avant que ce volume ne paraisse, nous réservons à nos lecteurs de cette édition Printemps une source de plaisir quasi intarisable : celui de la redécouverte. Pas de réalités inconnues à l’examen dans les articles qui suivent. En ce sens, pas de révélations ! Le mérite et l’importance de ces contributions est ailleurs : dans la capacité de leurs auteurs, ou des nombreuses personnes interviewées pour cette édition, à interroger un sujet ou un corpus d’objets encore peu valorisé – l’art des Kuyu, les créations inspirées du christianisme d’Afrique centrale, le parcours vital de Frederick Weygold, grand connaisseur d’art amérindien, la sculpture de petite taille en Afrique... – pour les faire apparaître sous un jour passionnant et nouveau. Autrement dit, ces pages sont pleines de reconnaissance et d’espoir dans la capacité qu’a l’art de s’offrir à notre regard sous des prismes différents et toujours porteurs de sens. Elena Martínez-Jacquet Éditorial


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