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LES CADEAUX DE PAKOKO 141 personnels (dont certains seront publiés) et sont de plus des artistes talentueux. Plusieurs d’entre eux se lient d’amitié avec Pakoko et rapportent en France des objets lui ayant appartenu. Le lieutenant Jean Daniel Rohr (fi g. 7), à qui Pakoko offrit la parahua dont il a été question, était l’un de ces hommes. Il a trente ans lors de son arrivée aux Marquises en 1842, en provenance de Colmar. À Taiohae, il est responsable de l’artillerie et travaille comme ingénieur. À ce titre, il conçoit les plans du Fort Collet, construit par les Français sur Tuhiva, une colline stratégique surplombant la baie de Taiohae (fi g. 9). Rohr apprend rapidement la langue marquisienne et devient un interprète fi able qu’on envoie souvent en mission aux quatre coins de l’archipel. Il noue de bonnes relations avec les insulaires et devient l’ami de beaucoup d’entre eux, dont Pakoko. Ce dernier lui sauve même la vie le jour où il le dissuade de se rendre chez les Taïpi, de farouches guerriers vivant dans une vallée voisine et ennemis des Teii1. Le capitaine J. B. A. Collet, commandant de l’administration militaire basée à Taiohae entre 1842 et 18432, connaissait lui aussi Pakoko. Ce dernier lui fi t cadeau d’une ùu (fi g. 6), aujourd’hui abritée dans la collection du musée du quai Branly – Jacques Chirac et fi gurant parmi les exemplaires les plus raffi nés. Rohr réalisa un dessin à l’encre et à l’aquarelle (fi g. 10) d’un Marquisien, peutêtre Pakoko lui-même, en tenue de guerre et de cérémonie, portant une ùu similaire. Le journaliste Ginoux précédemment cité est un autre Français ayant reçu des cadeaux de Pakoko, avec lequel il s’était rapidement lié d’amitié3. En octobre 1843, il rend visite à Pakoko, gravement malade et sur le point de mourir (comme l’avait prédit Veketou). Sur l’insistance de Ginoux, Pakoko accepte de se faire soigner par le médecin militaire français et se rétablit complèment4. En 1845, Ginoux reçoit de Pakoko un ensemble de quinze parures composées de cheveux, dans des circonstances émouvantes, racontées ci-dessous. Ces ornements de taille, chevilles, poignets, genoux et épaules étaient confectionnés à partir de cheveux d’ennemis qui avaient été tués – et, dans certains cas, mangés – par Pakoko. Considérés comme des trophées, selon Ginoux ils étaient portés avec une grande fi erté afi n d’affi cher les exploits d’un FIG. 10 (CI-DESSUS) : Jean Daniel Rohr, entre 1842 et 1844. Costume de guerre et cérémonie, Album de Voyages. Encre et acquarelle. Collection de Michel, Denis et Françoise Rohr. © Musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo : Véronique Mu-Liepmann.


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