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tout à fait personnelle, le centre d’intérêt de mon grand-père n’étant que la chasse et la nature. Plus tard dans ma vie, installé dans la vingtaine, j’ai commencé à venir en France et à me rendre en Belgique et à New York, places incontournables du marché de l’art tribal. J’ai fait alors la connaissance passion pour le sujet d’une façon exponentielle ! T. A. M. : Votre façon de collectionner a-t-elle beaucoup évolué depuis ? 123 D : Fétiche. Yaka, RDC. Bois, cordelette et petit panier de fi bres naturelles rempli de matériaux divers. H. : 10,2 cm. E : Objet de divination ou charme de protection eshu. Yoruba, Nigeria. Bois, cauris et cuir. H. : 8,8 cm. F : Bouchon de bouteille. Makonde / Mavia, Mozambique. Bois, petites perles de verre et cartouche militaire métallique. H. : 11,7 cm. G : Fétiche. Yombe, Congo / RDC. Bois, tissus divers, métal, fi bres végétales et incrustations de céramique ou d’ivoire pour les yeux. H. : 9 cm. H : Statuette d’ancêtre. Tellem, Mali. Bois. H. : 13,1 cm. I : Fétiche. Teke, RDC. Bois. H. : 13,7 cm. des marchands, ce qui a fait croître ma P. P. : En ce qui concerne mes centres d’intérêt et mes sources d’approvisionnement en objets, pas fondamentalement. En effet, je suis resté focalisé sur les miniatures d’Afrique, même si j’ai pu faire quelques exceptions et acquérir une grande pièce (fi g. 17). Aujourd’hui, bien qu’il faille être de plus en plus vigilant sur le terrain, je rapporte encore des pièces intéressantes de mes voyages. Je vais régulièrement au Cameroun, au Tchad, au Nigeria, au Burkina Faso, par exemple, et je projette dans un avenir non lointain un séjour en Côte d’Ivoire, l’un des rares pays du continent où je ne suis pas allé… Ensuite, j’achète toujours très activement auprès de marchands spécialisés, lors de ventes aux enchères et, aussi, auprès de collectionneurs car, on ne le dit pas assez souvent, nous, collectionneurs alimentons souvent le marché. Dans quelques mois, en l’occurrence, j’ai rendez-vous chez un collectionneur pour acheter toute sa collection de bronzes lobi et kulango. Soit dit au passage, j’intègre volontiers ces regards extérieurs à ma collection… Tribal Art magazine : Vous êtes originaire d’Italie, pays relativement peu porté sur l’art tribal. Comment y avez-vous développé un intérêt pour l’art africain ? Pierluigi Peroni : Je suis né à Gallarate, dans la province de Varese, mais ce n’est pas en Italie que j’ai découvert l’art africain. J’y suis arrivé à travers le voyage. Jeune enfant, alors que je n’avais que cinq ou six ans, j’ai commencé à accompagner en Afrique mon grand-père, qui était chasseur. Pendant longtemps, nous y sommes allés deux ou trois fois par an. C’est ainsi que nous avons sillonné l’Afrique du Sud, la Namibie, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Botswana, le Zimbabwe, le Congo, le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad et j’en passe ! Ces expéditions de chasse, qui remontent déjà à une cinquantaine d’années, furent une opportunité exceptionnelle de visiter des contrées reculées. J’ai assisté à des cérémonies rituelles et vu des objets (principalement des statues et des parures) encore en usage. Avec mon grand-père, nous dormions souvent dans les villages, au contact des habitants. Parfois, certains me faisaient des cadeaux : un objet d’usage, une petite statuette… Je n’ai jamais cherché à savoir si ces objets avaient une véritable valeur. Ils ont été pour moi les germes de ma passion, et je les conserve d’ailleurs encore. Dès l’âge de dix ans, ces cadeaux ne me suffi saient plus. Des objets, il m’en fallait davantage ! J’ai commencé ainsi à acquérir de petites pièces sur le terrain, avec mon argent de poche. Ma démarche était


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