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DOSSIER 104 Le style II présente lui aussi une identité de scarifi cations et, quand il y en a, d’emmanchement. En revanche coexistent deux types de coiffes radicalement différents : treize sont en pain de sucre percés de trous pour accueillir des plumes48; trois suivent la forme du crâne d’un casque-heaume à enfi ler. On ignore les raisons de ces deux manières d’amplifi er la tête, tout comme on ignore encore la migration à l’origine de ce style, même si on a quelque idée à ce sujet. Le style III comporte plus de deux cents pièces de qualité très inégale. Toujours en production, on l’assimile aux kébé-kébé mais y fi gurent aussi des statuettes. Celles-ci sont particulièrement hétérogènes, même si elles ont en commun les mêmes attitudes, des bras fi liformes et des jambes épaisses ainsi qu’un cou cylindrique. Les six types de coiffes des kébé-kébé ne suffi sent pas à les ordonner, d’autant qu’elles se combinent avec plusieurs sortes de dentition. Quant aux scarifi cations, elles sont toutes différentes, sans parler des couleurs, dorénavant peintes et dont la gamme s’est élargie. Aux diffi cultés inhérentes au corpus de ces oeuvres s’ajoute une particularité d’ordre scientifi que. De même que les puissances coloniales se sont partagé l’Afrique à l’issue de la conférence de Berlin, de même les chercheurs, ensuite, se sont partagé les ethnies. Dans les années 1980, quand nous avons commencé nos études d’anthropologie, les Kuyu offraient un des rares terrains encore disponible49. Si certains de leurs objets étaient connus des collectionneurs, on ne savait rien sur leur contexte sinon ce que nous avaient révélé les écrits d’Alfred Poupon. On ne savait pas que les Kuyu s’étaient assimilés aux Mbochi50 ; les musées continuaient à appeler « kuyu » tout ce qui provenait de la région. Le goût était alors aux études monographiques qui donnaient du sens aux sculptures en les situant dans leur environnement d’origine. Et là, les sources écrites se sont avérées bien minces. L’essentiel de la documentation se résume à la revue Liaison publiée dans la décennie 1950-1960, où quelques articles de Maurice Lheyet Gaboka apportent des éléments intéressants, certes, mais Poupon demeure la référence incontestée. Depuis les années 1970, les seules études dont nous disposons émanent d’auteurs mbochi. Autour des années 1980, quelques thèses ou mémoires s’intéressent à nouveau à la société kuyu, mais sur des aspects particuliers, sans nouvelle approche FIG. 25 (À DROITE) : Tête (style I). Kuyu, Congo. Bois. H. : 36 cm. Collecté par A. Courtois avant 1938. Collection privée. © Sotheby’s/ArtDigitalStudio. FIG. 26a-b (AU MILIEU ET EN BAS) : Artefact improbable combinant une tête kuyu sur un objet opaina du Brésil. Documents d’étude extraits de Die Kunst der Primitiven. Verlag, 1923. Archives de l’auteur. FIG. 27 (EN BAS AU MILIEU) : Photographie d’une coupure de presse non datée fi gurant une tête de style II de la collection de Han Coray identifi ée, à tort, comme un objet du Bénin. Archives de l’auteur. FIG. 28 (PAGE SUIVANTE) : Figure avec manche (style I). Kuyu, Congo. Bois et pigments. H. : 71 cm. Ex-coll. C. Ratton. Musée Dapper, Paris, inv. 0649. © Archives Musée Dapper, photo : Hughes Dubois.


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