103 kuyu avait retenu l’attention de Charles Ratton, conseiller artistique du fi lm de Resnais et Marker, pour composer ce manifeste remarquable en faveur des d’Afriques Les statues meurent aussi. Les cinq pièces kuyu fi gurant parmi les cent trentecinq objets fi lmés ne se trouvaient regrettablement pas dans la trentaine d’objets présentés en 2010 au public. Mais leur existence fut au moins pointée sous un jour favorable par le biais de la projection en boucle de ce fi lm interdit de projection pendant onze ans, ainsi que par la publication des oeuvres dans le catalogue46. Outre ces événements temporaires, deux initiatives muséales à caractère permanent méritent d’être soulignées : celle du musée de La Rochelle, en France, où le visiteur peut découvrir des objets de style III, et du MEG (fi g. 29), en Suisse, dont la nouvelle présentation ouverte au public en 2015 comporte une vitrine entière dévolue à l’art kuyu, avec des objets de styles I et III, le style II n’étant pas représenté dans ses fonds. ÉPILOGUE La lenteur dans la reconnaissance des objets kuyu n’est pas seulement due aux réticences du regard occidental dont il a été largement question dans ces pages, mais aussi, il faut bien l’avouer, à la diffi culté de reconnaître une même identité dans un corpus à première vue disparate. En outre, l’analyse depuis une perspective ethno-morphologique faisant émerger un modèle à partir duquel pouvaient se mettre en place des styles avec leurs variations, a permis d’aboutir en 1983 à la distinction de trois styles, mais non sans laisser de nombreux atypiques. La traçabilité du style I est la mieux établie grâce aux recherches des années 1960-1970 qui ont établi la migration des Kuyu depuis l’autre rive du Congo47. Par ailleurs le style est homogène. Il présente toujours le même type de coiffes et le même emmanchement quand il y en a un. La vingtaine de têtes du corpus se distingue essentiellement par des scarifi cations comparables. Quant aux statuettes, autoportantes ou emmanchées, elles ont des attitudes très caractéristiques, et cela malgré une grande diversité de thèmes et d’agencements sur plusieurs étages : une statue sur tête triple, deux bustes de mères de jumeaux ou un buste de deux jumeaux sans mère et une mère de jumeaux assise… le tout surmonté ou non d’un animal.
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