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101 FIG. 18 (À GAUCHE) : Tête (style II). Kuyu, Congo. Bois et pigments. H. : 62 cm. Ex-coll. Webster Plass. British Museum, Af1956.27.239, Archives de l’auteur. FIG. 19 (CI-DESSUS) : Photogramme du fi lm Les statues meurent aussi, 1953. Extrait de E. Martínez-Jacquet (dir. ) Ode au grand art africain, Primedia, 2010. FIG. 20 (CI-DESSOUS) : Casque-heaume (style II). Kuyu, Congo. Bois et pigments. H. : 49 cm. Ex-coll. C. Ratton. Musée Dapper, Paris. Archives de l’auteur. lation (fi g. 6 et 23). Ils atteignent des cotes remarquables : 350 000, 900 000 et même 1 000 000 d’euros (fi g. 24). Après quoi, il n’y aura plus rien à vendre des styles I et II, certes valorisés mais à nouveau absents des salles des ventes, excepté une magnifi que tête triple du style I chez Sotheby’s – Paris en 201040 (fi g. 25). La dernière occasion d’en voir a été lors de la vente, en décembre dernier, de la succession Madeleine Meunier à Drouot, par Christie’s en collaboration avec Millon (fi g. 3 et 17). Toutefois il ne faut pas ignorer que certaines très belles pièces n’ont pas encore réapparu. Il était inévitable dans ce contexte que les faussaires jusque là orientés vers des ethnies plus prisées fi - nissent par s’intéresser à l’art kuyu. Il n’y avait pas d’enjeu lucratif tant que circulaient seulement des têtes du style III. Que les objets kuyu les plus puissants soient restés si longtemps méconnus n’a pas seulement résulté d’une stratégie attentiste des marchands, mais aussi des réactions négatives dans les publications de l’après-guerre. Les objets des styles I et II n’étaient en effet pas conformes à ce que les critiques d’art attendaient de la sculpture africaine, c’est-à-dire de l’esthétique. Malgré la dette initiale du cubisme envers l’art nègre, les vitrines n’ont fi - nalement retenu des Kuyu que le style III et surtout les kébé-kébé. Il a fallu d’abord que l’ensemble des objets africains soient resitués dans leur contexte anthropologique pour qu’ensuite le regard sur les objets kuyu puisse évoluer et que leur force particulière apparaisse. Et cela a pris d’autant plus de temps que la rareté des informations de terrain n’a pas suscité la parution de monographies. LE REGARD OCCIDENTAL N’ÉTAIT PAS PRÊT : VERS UNE RECONNAISSANCE Alors qu’une pièce de style II (fi g. 4) fi gurait en 1915 dans le Negerplastik de Carl Einstein, texte fondateur de la pensée sur l’art africain, les objets kuyu brillent souvent par leur absence dans la littérature spécialisée jusque dans les années 1950. Par la suite, leur sort ne sera pas plus favorable car, si certains auteurs retiennent une pièce kuyu en guise d’illustration, ils la négligent dans leur texte, n’en restant qu’à une simple description ou bien allant jusqu’à émettre des jugements négatifs41. Entre les kébé-kébé en circulation et l’échantillon restreint des styles I et II publié, les auteurs ont été désorientés par le caractère hétérogène du corpus. À L’ART KUYU


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