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MARCHÉ de l'art 50 À GAUCHE ET PAGES SUIVANTES : Photographies de Pierre Amrouche prises lors de l'exposition publique des pièces de la Vente Vérité, le 15 et 16 juin 2006 dans les salles du 1er étage de l'Hôtel Drouot. @ Amrouche Expertises et Services, photos : Pierre Amrouche. Bon anniversaire monsieur Vérité Par Pierre Amrouche Il y a dix ans avait lieu à Paris la vente Vérité, en juin 2006. Peu de ventes ont eu, au cours des cent dernières années, autant d'écho. Le nombre de pièces, leur qualité, leur variété et les prix obtenus ont marqué les esprits pour longtemps. Pièce maîtresse de la vente, le masque ngil Vérité avait atteint le prix de 5 800 000 euros, un record ! Hasard de l'histoire des objets, cent ans avant cette vente, en 1906, Vlaminck avait trouvé dans un café à Argenteuil un masque fang qui, selon la légende, serait à l'origine du courant Primitiviste et du phénomène sans cesse en augmentation du collectionnisme d'art primitif. Ce masque, vendu ensuite à André Derain, est aujourd'hui dans les collections du Centre Pompidou ; comparé au masque ngil Vérité, il est certes moins impressionnant mais reste un Landmark incontournable. Les ventes historiques sont rares et marquent leur temps. Avant la Seconde Guerre mondiale, on se souvient de la vente Éluard-Breton de 1931 et de la vente De Miré. L'après-guerre sera plus riche, avec tout d'abord la vente Félix Fénéon en 1946 dans laquelle fi gurait le sublime fang Mabéa, revendu au début des années soixante-dix, acquis à un prix impressionnant par Jacques Kerchache, puis revenu sur le marché en 2014 chez Sotheby's à Paris. Dans les années soixante, trois grandes ventes ont affolé les collectionneurs, deux dirigées par Jean Roudillon : la vente Paul Guillaume le 9 novembre 1965 et la vente André Lefèvre le 13 décembre 1965, à Paris. Par-dessus tout, eut lieu à New York en 1966 chez Parke-Bernet la vente Helena Rubinstein, avec la tête fang à tresses et la statue bangwa. Cette vente, par la personnalité d'Helena Rubinstein, le nombre – deux cent soixante et un – et la qualité de ses objets, dont au moins deux chefs-d' oeuvre absolus, demeure un événement miraculeux, non détrôné pendant quarante ans, jusqu'à la vente Vérité en 2006. De la décennie suivante où les ventes d'art primitif deviennent régulières et dessinent les contours de ce qui deviendra un marché structuré, émergent, en 1979 et 1980 à Paris, les deux ventes Rasmussen et leurs nombreux chefsd'oeuvre : bambara, baulé, dan, tshokwe, que les amateurs se sont arrachés. La statue tshokwe, à elle seule, atteindra un prix dépassant les deux millions de francs. Cependant les sommets vertigineux des enchères dans les années 1980 à 2000 seront américains, avec la vente Sotheby's à New York de la collection Franklin de Los Angeles et sa fameuse statue, la Reine bangwa du Cameroun, immortalisée par Man Ray et acquise par le musée Dapper, au prix d'environ trois millions et demi de dollars. La vente de cet objet exceptionnel marque aussi l’accroissement de l’importance des pedigrees et du contexte culturel : une pièce rare, des propriétaires prestigieux, une


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