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Seymour Lazar Seymour Lazar, décédé le 30 mars 2016, était un ami loyal et généreux envers nombre de personnes dans le milieu de l’art tribal, et tout particulièrement pour ce magazine en ses jeunes années. L’art africain, océanien et précolombien remplissait chaque pièce de sa maison de Palm Springs, où conservateurs de musée, collectionneurs et marchands choisis étaient les bienvenus. Dans les années 1950 et 1960, il connut la carrière animée d’un jeune avocat branché de Los Angeles exerçant dans le milieu du « show business », et compta parmi ses clients le comédien Lenny Bruce et le jazzman Miles Davis. Il devint l’ami des poètes Allen Ginsberg et Maya Angelou ainsi que du défenseur des drogues psychédéliques Timothy Leary. Circulant à bord d’une Rolls Royce et portant parfois un costume de cuir Pierre Cardin sans chemise, il se fatigua vite de la vie d’avocat et se tourna vers le monde de la bourse, dont il devint l’un des plus grands traders indépendants. Il disait : « Si j’achetais une action le matin et que je l’avais encore à midi, c’était un investissement à long terme ». Il ne craignait pas de prendre des risques et continua à représenter des procès d’action collective, qu’il gagnait la plupart du temps. Seymour collectionnait des groupes d’objets. Beaucoup de ceux qui provenaient d’Afrique et du Pacifi que furent rassemblés avec l’aide de son ami de longue date Peter Adler à Londres ; des tissus ewe, des boucliers asmat, des massues océaniennes – quelque deux cent cinquante de ces dernières étaient disposées dans de larges corbeilles sur le sol de la bibliothèque, tels des bouquets de fl eurs exotiques. Son importante collection précolombienne fut acquise durant ses années de vie à Cuernavaca au Mexique, puis développée et affi née avec l’aide de sa proche amie marchande Judy Small Nash. C’était un enchérisseur déterminé en salle de ventes. Lorsqu’un ensemble de peignes mélanésiens de la collection de Nelly van den Abbeele fut mis en vente aux enchères à Amsterdam en 1999, Seymour était résolu à les avoir et demeura assis dans la salle la main levée jusqu’à ce qu’il l’emporta, ce qui lui valut les applaudissements du public. Une sélection de plus de deux cents de ces peignes fut présentée lors d’une exposition à Oceanside Museum en 2011. Sa collection de cuillères se comptait également en centaines. Les objets de sa collection étaient liés à de nombreux noms illustres : Lt. General Pitt Rivers, James Hooper, Ben Heller, Stéphan Chauvet, Cornelis Meulendijk, Paul Tishman et Jay Leff. Un groupe de spatules des Îles de l’Amirauté fut acquis lors de la vente d’artifacts collectés lors de l’expédition de La Korrigane. Plusieurs grandes sculptures de Nouvelle- 156 Guinée provenant de la collection George Kennedy se dressaient parmi les palmiers dans son jardin californien ensoleillé. Lorsque l’un de nos catalogues de vente arrivait, Seymour appelait pour demander “Que devrais-je acheter ?” mais il suivait rarement mon avis. Il était tout à fait conscient de faire parfois des erreurs, mais il ne renvoyait jamais un objet à un marchand ou une maison de ventes, il en tirait simplement les enseignements et s’intéressait à l’achat suivant. Seymour appelait régulièrement ses nombreux amis, partageant avec eux les dernières blagues de Bernie Cornfeld ou d’autres. Il adorait Paris et y prit durant de nombreuses années un appartement, tout d’abord rue Mazarine, en face de chez Jean-Pierre Laprugne, qu’il appréciait particulièrement, et plus tard un autre qui donnait sur le jardin du Palais-Royal, où il aimait à dîner au Grand Véfour avec Eduardo Uhart, entre autres, commandant souvent différents plats à la carte qu’il invitait ses compagnons à partager avec lui. Il adorait sa femme Alyce, qui le soutenait dans toutes ses aventures, son fi ls Adam et sa fi lle Tara, dont les entreprises fl orissantes le rendaient immensément fi er. Tim Teuten Photo : Aline Coquille


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