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des masques spectaculaires au moyen d’étoffe d’écorce. Ceux-ci étaient portés lors de rituels destinés à établir des contacts avec les esprits peuplant la nature alentour. Ces masques étaient fabriqués en secret et dévoilés au moment où les danseurs arrivaient au village, venus de la maison des hommes ou de la forêt. L’un des trois masques exposés était un kovave (fi g. 8), anciennement porté par les initiés masculins chez les Elema, qui vivent dans la région du Golfe de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le créateur du masque invoquait les esprits de la brousse, les kovave, pendant qu’il coupait le rotin destiné à former la structure de la vannerie. Une fois l’ensemble recouvert d’étoffe d’écorce étirée, les caractéristiques d’esprits spécifi ques étaient reproduites à l’aide de rotin fendu, d’ocre et de pigments de charbon, invitant ainsi les kovave à habiter temporairement le masque. Des pigments rouges, noirs et blancs exacerbaient la force des masques, reliés aux puissances masculine et féminine ainsi qu’aux capacités génératrices des esprits eux-mêmes. D’autres masques en étoffe d’écorce furent créés par les Baining, qui vivent sur la grande île de Nouvelle-Bretagne. Ils étaient employés dans le cadre de danses diurnes et nocturnes. Ces masques symbolisent les esprits de la forêt, et le blanc du tissu est considéré comme la couleur des esprits. Le masque baining présenté lors de l’exposition (fi g. 7a et b) fut fabriqué pour une danse nocturne et sa symbolique renvoie aux oiseaux et aux insectes. Lors des chorégraphies, les danseurs traversent un grand feu et fi nissent par piétiner les braises, juste avant l’aube. Les individus masqués sont ensuite reconduits dans la forêt par les musiciens, afi n de démontrer la domination humaine sur les esprits. L’étoffe d’écorce est aussi produite dans certaines régions du Vanuatu et des îles Salomon. Dans chaque ensemble d’îles des Salomon où cet art est pratiqué, il est perçu comme un élément important du patrimoine local et se distingue par un style propre. Sur l’archipel de la Nouvelle-Géorgie et sur l’île de Santa Isabel, des motifs d’oiseau, de requin et de dugong étaient peints en indigo sur de l’étoffe d’écorce blanche afi n de représenter des concepts et des récits symboliques. Le motif du serpentin présent sur un tissu de Santa Isabel (fi g. 12) a été décrit par un habitant des Salomon, Reuben Lilo, comme étant lié aux aléas de l’existence, en particulier la maladie et la mort. Les points représentent des lieux de repos pour les voyageurs arpentant des chemins montagneux. L’étoffe d’écorce était confectionnée par les femmes, mais seuls les hommes pouvaient y peindre des motifs, appelés collectivement kineha. FIG. 5 (À GAUCHE) : Jupe de femme nioge, intitulée Asimano’e Soru’e (Motifs de tatouages ancestraux d’hommes), par Sarah Ugibari. Huvaemo / Mount Lamington, province d’Oro, Papouasie-Nouvelle-Guinée. 2012. Étoffe d’écorce et pigments. 131,5 x 73 cm. British Museum, inv. 2014,2006.2. Achetée à travers Ömie Artists, Inc. en 2014. © The Trustees of the British Museum. FIG. 6 (CI-DESSOUS) : Pagne d’homme avec motif de panache de plumes. Baie de Collingwood, province d’Oro, Papouasie- Nouvelle-Guinée. Années 1890-1910. Étoffe d’écorce et pigments. 236 x 54 cm. Probablement collecté par l’évêque John Montague Stone-Wigg entre 1898 et 1908. British Museum, inv. Oc1990,07.60. Acheté au Winchester College. © The Trustees of the British Museum.


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