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Étoffes d’écorce du Pacifi que 77 FIG. 4 (À DROITE) : Pagne kua’ula. Archipel d’Hawaï, Polynésie orientale. Fin du XVIIIe siècle. Étoffe d’écorce et pigments. 171,5 x 71 cm. British Museum, inv. Oc,HAW.19. © The Trustees of the British Museum. FIG. 3 (CI-DESSOUS) : Batteur pour étoffe d’écorce e’e. Île Pitcairn, Polynésie orientale. Première moitié du XIXe siècle. Fanon de baleine. L. : 44,4 cm. British Museum, inv. Oc1931,1010.1. Acheté au Ltn. Col. Lanyon, 1931. © The Trustees of the British Museum. kua’ula, utilisé pour fabriquer les pagnes d’hommes de haut rang à la fi n du XVIIIe siècle. Ceux-ci sont recouverts de motifs audacieux et angulaires peints en rouge et noir typiques des étoffes d’écorce hawaïennes de l’époque (fi g. 4). Le motif du zigzag symbolise la colonne vertébrale, une partie du corps sacrée en Polynésie par son lien avec les ancêtres, desquels les chefs hawaïens obtenaient le droit de régner. Les couleurs éclatantes et les motifs de ces pagnes n’ont aucun rapport avec leur ancienneté, mais ils furent un moyen effi cace pour faire découvrir au public non averti la beauté de cet art. L’exposition couvrait toute la région du Pacifi que, de la Nouvelle-Guinée à l’Ouest jusqu’à l’île de Pâques à l’Est. Le voyage débuta en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec deux nioge (jupes de femmes) de la province d’Oro créées récemment par les artistes Sarah Ugibari (fi g. 5) et Fate Savari. Ces oeuvres sont emblématiques de cette région et, plus particulièrement, du peuple Ömie vivant dans l’arrière-pays, sur les fl ancs du volcan Huvaemo. Pour les Ömie, l’étoffe d’écorce acquit une réelle dimension symbolique au milieu du XXe siècle, lorsque des motifs propres à l’art du tatouage commencèrent à orner des tissus à la suite de l’interdiction de cette pratique par les premiers missionnaires. À côté des jupes étaient exposés trois pagnes d’homme de la baie de Collingwood, sur la côte nord-est de la province d’Oro, fabriqués plus d’un siècle auparavant (fi g. 6). À cette époque, les motifs claniques évoquaient des serpents, des animaux marins et des volcans, mais aussi des objets faits de main d’homme, dont notamment des panaches de plumes utilisés dans la réalisation de coiffes. Aujourd’hui, les motifs sacrés de clan sont encore rigoureusement protégés et ne peuvent être portés par des personnes de l’extérieur. Les motifs non sacrés, au contraire, peuvent décorer des tissus destinés à la vente. Sur le plan stylistique, les similitudes sont délibérées, ce qui contribue à renouveler constamment les liens entre les créateurs, les porteurs et leur région d’origine. Dans la plupart des régions du Pacifi que, l’étoffe d’écorce est fabriquée et décorée par les femmes. Néanmoins, au sein des sociétés côtières et insulaires de Papouasie-Nouvelle Guinée, les hommes initiés créaient traditionnellement


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