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MUSÉE à la Une 74 Notes historiques sur un Si l’Espagne et le Portugal sont les deux pays européens qui ont joué le premier rôle dans la « découverte » puis la conquête des Amériques, l’Italie a été également un acteur décisif de cet événement considéré comme « la plus grande chose depuis la création du monde, à part l’incarnation et la mort de celui qui l’a créé », ainsi que l’écrivait, en 1552, le chroniqueur Francisco Lopez de Gomara dans son Historia General de las Indias. Ce « monde qui n’existait pas », aux yeux des Européens de la Renaissance, s’est trouvé par hasard sur la route empruntée par Christophe Colomb (1451-1506), lors de son fameux voyage de 1492, qui avait pour objectif de se rendre en Asie. Au service des Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, le célèbre navigateur génois voulait rallier la lointaine Chine, visitée et décrite naguère par un autre Italien célèbre, Marco Polo. À la recherche d’une nouvelle route des épices pour rejoindre l’Asie par l’ouest, en s’engageant sur un océan encore inconnu, il crut – et ce jusqu’à sa mort – qu’il était arrivé aux Indes, quelque part au large du Japon, le Cipango décrit naguère dans Le Livre des merveilles du monde rédigé en 1298. Arrivé dans l’archipel des Bahamas le 12 octobre 1492, puis débarquant dans les actuelles Grandes Antilles, il y rencontra les habitants autochtones que l’on dénomme aujourd’hui les continent imprévu : les Italiens et le Nouveau Monde Par André Delpuech Taïnos mais qu’il baptisa « Indiens », se croyant arrivé aux Indes, dans des îles au large du Japon. Lors de son deuxième voyage fi n 1493, véritable entreprise de colonisation, avec dix-sept navires et près de mille cinq cents hommes, Colomb aborde les Petites Antilles où il rencontre les « Cannibales ». Ce n’est qu’au cours de son troisième voyage, en 1498, qu’il touche le continent sud-américain, la « Terre Ferme », au niveau de l’embouchure de l’Orénoque, sur les côtes de l’actuel Venezuela. Au cours de sa dernière exploration entre 1502 et 1504, il longera les rivages de l’Amérique centrale. Mais au fi nal, le navigateur génois ne réalisera jamais véritablement qu’il était aux portes d’un nouveau continent. Il revient à un autre navigateur italien d’avoir donné son nom à ce continent imprévu, Amerigo Vespucci (1454-1512). Originaire de Florence, celui-ci jouera un rôle décisif dans la prise de conscience des Européens face à cette découverte. Amerigo réalisa trois, voire peut-être quatre voyages : la réalité du premier de 1497-1498 est aujourd’hui contestée ; le second, entre mai 1499 et septembre 1500, s’avère décisif dans le processus de reconnaissance de la réalité de ces nouvelles terres. Menée au service de l’Espagne, l’expédition aborde l’actuelle région des Guyanes, puis Vespucci fait voile vers le sud découvrant l’embouchure de l’Amazone et longeant les côtes nord du Brésil, avant de s’en retourner vers Trinidad et le delta de l’Orénoque. Ses deux derniers voyages sont conduits pour le compte du Portugal. Le troisième, de mai 1501 à septembre 1502, suit un itinéraire le menant du nord-est du Brésil jusqu’au-delà du 50e degré sud, le long de l’actuelle Argentine jusqu’à hauteur des îles Malouines. C’est dire que le navigateur fl orentin aura reconnu entre 1499 et 1502 la majeure partie du littoral atlantique de l’Amérique du Sud. L’INVENTION DE L’AMÉRIQUE Dans cette prise de conscience d’être aux abords d’un continent inconnu, il convient de signaler le rôle d’un Italien qui, cette fois, n’est pas un navigateur et n’a jamais quitté l’Europe, Pietro Martire d’Anghiera (1457-1526). Né à Arona, près de Milan, cet FIG. 14 : Collier avec représentation d’un zémi. Taïno, Haiti. 1500 apr. J.-C. Lambi (Strombus gigas) et fi bres. Museo di Antropologia e Etnologia de Florence. Collections Médicis, cat. 215.


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