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I. L. : Mon père constitua l’ensemble de sa collection – pas uniquement celle d’art précolombien – mû par la nécessité de comprendre le passé pour affronter le futur, comme il me le disait souvent. Lorsqu’il achetait un objet, c’est parce qu’il l’entendait comme un grand réceptacle de savoir. Il s’empressait d’en extraire toutes les connaissances possibles. Cela le conduisait généralement à acquérir des pièces de comparaison exactement de même typologie, mais aussi des pièces semblables issues d’autres cultures. Cette approche globale lui permettait d’atteindre une meilleure compréhension de l’évolution de la culture matérielle des différentes cultures du monde et d’en appréhender les connexions. Au fond, même s’il était évidemment sensible à la dimension esthétique des oeuvres, mon père fut surtout un collectionneur de connaissances, d’où l’expression de « collection scientifique » que j’ai avancée. T. A. M. : Permettez-moi une dernière question : vous êtes désormais – et à un jeune âge – à la tête de cette grande oeuvre initiée par votre père. Comment voyez-vous l’avenir de la collection Ligabue? I. L. : À vrai dire, j’ai assumé avec une grande responsabilité le défi de continuer le travail de mon père. Ma devise sera la même que celle de Giancarlo Ligabue : conserver et divulguer. Que nous réserve l’avenir ? Cela est difficile à prévoir… Je peux néanmoins déjà dire que l’un de mes premiers objectifs à court terme sera faire tourner Il mondo che non c’era après sa présentation à Florence. Nous travaillons déjà à des partenariats dans d’autres villes d’Italie – où les expositions d’art précolombien sont rares – et bien entendu, j’aimerais tout particulièrement que l’exposition puisse être vue à Venise. En ce qui concerne le CSRL et l’ensemble de la collection, mon plus grand souhait est de les fondre dans un même projet. Je rêve de créer un pôle d’excellence dédié à l’étude de l’Homme et de l’Art, avec une grande bibliothèque réunissant les écrits publiés sous le patronage de mon père, ainsi que les archives visuelles (notamment plus de cent vingt mille diapositives) et les documentaires filmés au cours des cent trente missions conduites par le CSRL. Ce lieu possèderait aussi un espace d’exposition permanente où le grand public pourrait découvrir du moins une partie de la collection Ligabue. Je ne sais pas encore quand cette idée deviendra une réalité avérée. Mais ce qui est certain, c’est que pendant que j’évalue différentes possibilités, je reste actif dans le domaine des acquisitions. J’ai notamment fait considérablement évoluer la collection d’art africain et océanien, deux domaines pour lesquels j’ai développé un intérêt personnel fort particulier. L’avenir de la collection Ligabue reste donc ouvert, et c’est très stimulant…


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